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d’importance. Le fourrage d’hiver manquait ; il fallait tuer en automne une grande partie des animaux domestiqués. On avait donc ni fonds de bétail ni engrais. Comme dans toutes les contrées incultes, telles que jadis l’Allemagne et aujourd’hui encore les solitudes de l’Amérique, on se nourrissait surtout de chair de porc, ce qui se conçoit aisément. Les porcs exigeaient peu de surveillance, cherchaient eux-mêmes leur nourriture, la trouvaient abondamment dans les forêts et dans les champs non cultivés, et il suffisait de conserver pendant l’hiver un petit nombre de laies, pour retrouver au printemps suivant des troupeaux considérables.

Mais le commerce étranger eut pour effet de restreindre l’élève des porcs, d’étendre celle des moutons, d’améliorer en général la culture du sol et l’éducation du bétail.

On trouve dans l’Histoire d’Angleterre de Hume de très intéressantes données sur l’agriculture anglaise au commencement du quatorzième siècle. En 1327, lord Spencer comptait sur 63 domaines 28.000 moutons, 1.000 bœufs, 1.200 vaches, 560 chevaux et 2.000 porcs, soit par domaine environ 450 moutons, 35 bêtes à cornes, 9 chevaux et 32 porcs. On voit quelle proportion favorable le nombre des moutons présente déjà comparativement à celui des autres espèces d’animaux. Les gros profits que l’aristocratie anglaise retirait de l’élève des moutons, lui donnèrent du goût pour l’industrie et pour les perfectionnements agricoles à une époque où, dans la plupart des pays du continent, la noblesse ne connaissait pas de meilleur emploi de ses propriétés que l’entretien d’un grand nombre de bêtes fauves, ni de plus glorieuse occupation que celle de nuire aux villes et à leur commerce par toutes sortes d’actes hostiles.

Les troupeaux de moutons devinrent alors si nombreux, comme où l’a vu récemment en Hongrie, que, sur beaucoup de propriétés, on comptait de 10.000 à 24.000 têtes. Dans un tel état de choses, la fabrication des laines, qui, déjà sous les règnes précédents, avait accompli de notables progrès, ne put manquer d’atteindre promptement un haut degré de