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Hollande de ces nouveaux procédés, les pêcheurs anglais et écossais, malgré des primes d’exportation considérables, ne pouvaient pas trouver d’acheteurs à l’étranger pour leurs harengs, même à des prix beaucoup plus bas. Si l’on considère quelle était avant la réformation l’importance de la consommation du poisson de mer en tout pays, on comprendra sans peine qu’à une époque où la navigation anséate commençait déjà à décliner, les Hollandais purent construire chaque année deux mille nouveaux bâtiments.

La réunion de toutes les provinces belges et bataves sous la domination bourguignonne procura à cette contrée le grand bienfait de l’unité nationale, circonstance qui, dans l’étude des causes qui ont donné aux hollandais l’avantage sur les villes rivales du nord de l’Allemagne, ne doit pas être négligée. Sous Charles-Quint, les Pays-Bas composaient une réunion de forces et de ressources, qui, mieux que toutes les mines d’or du monde entier, mieux que toutes les faveurs et toutes les bulles des papes, auraient assuré à leur maître l’empire de la terre et de la mer, s’il eût compris la nature de ces forces, et s’il eût su s’en emparer et s’en servir.

Si Charles-Quint avait repoussé la couronne d’Espagne, comme on repousse une pierre qui menace de nous entraîner dans l’abîme, combien la destinée des Pays-Bas et de l’Allemagne eût été différente ! Souverain des Pays-Bas, empereur d’Allemagne et chef de la réformation, Charles avait en ses mains tous les moyens matériels et moraux de fonder le plus puissant État industriel et commerçant, la plus grande domination maritime et continentale qui eût jamais existé ; une domination maritime qui eût réuni toutes les voiles sous un seul et même pavillon depuis Dunkerque jusqu’à Riga.

Il suffisait alors d’une seule idée, d’une seule volonté, pour faire de l’Allemagne l’empire le plus riche et le plus considérable du globe, pour étendre sa domination manufacturière et commerciale sur toutes les parties du monde, et pour lui assurer peut-être des siècles de durée.

Charles-Quint et son fils, le sombre Philippe II, suivirent