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d’Allemagne, s’adressèrent dans les jours de détresse à la Diète ; ils représentèrent que les Anglais exportaient annuellement 200.000 pièces de drap, dont une grande partie passait en Allemagne, et que le seul moyen de leur faire recouvrer leurs anciens privilèges en Angleterre, était de prohiber l’importation des draps anglais en Allemagne. Suivant Anderson, une résolution aurait été projetée ou même prise à cet effet ; mais cet écrivain ajoute que l’ambassadeur anglais auprès de la Diète germanique, M. Gilpin, sut en empêcher la mise en vigueur.

Un siècle et demi après la dissolution officielle de la Hanse, les villes qui en faisaient partie avaient perdu tout souvenir de leur grandeur passée. Justus Moser a écrit quelque part que, s’il allait dans les Villes Anséatiques raconter aux marchands la puissance et la grandeur de leurs ancêtres, ils auraient peine à le croire. Hambourg, autrefois la terreur des pirates sur toutes les mers, célèbre dans toute la chrétienté par les services qu’il avait rendus la civilisation en poursuivant les corsaires, était tombé si bas, qu’il dut acheter, par un tribut annuel aux Algériens, la sûreté de ses bâtiments ; car le sceptre des mers ayant passé aux mains des Hollandais, une autre politique était suivie alors vis-à-vis de la piraterie. A l’époque de la domination des Anséates, les pirates étaient considérés comme les ennemis du monde civilisé, et l’on s’attachait à les détruire. Les Hollandais ne virent dans les corsaires barbaresques que des partisans utiles, par lesquels, en pleine paix, le commerce maritime des autres peuples était paralysé à leur profit. En citant une observation de Witt au sujet de cette politique, Anderson fait cette laconique remarque : fas est et ab hoste doceri[1] ; avis qui, malgré sa brièveté, n’a été que trop bien compris et suivi par ses compatriotes ; car, à la honte de la chrétienté, les Anglais ont toléré jusqu’à notre époque cette abominable industrie des corsaires du nord de l’Afrique, que les Français ont la gloire d’avoir fait disparaître.

  1. Il est permis de se laisser instruire par un ennemi – Anderson, Vol. I.