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une domination absolue, semblable à celle des Anglais d’aujourd’hui en Amérique et en Allemagne, sur les représentations de l’empereur d’Allemagne ils furent réintégrés par la reine Marie dans leurs anciens privilèges[1].

Mais cette fois leur joie fut de courte durée. « Dans le but, non-seulement de conserver, mais encore d’accroître ces privilèges, au commencement du règne d’Élisabeth, ils se plaignirent hautement du traitement qu’ils avaient éprouvé sous Édouard et sous Marie. La reine leur répondit adroitement qu’il n’était pas en son pouvoir de rien innover, mais qu’elle laisserait volontiers les Anséates en possession des privilèges et des immunités dont ils jouissaient. Cette réponse ne les satisfit point. Peu après, leur commerce fut de nouveau suspendu, au grand profit des marchands anglais, qui eurent alors occasion de montrer de quoi ils étaient capables. Les marchands anglais s’emparèrent de tout le commerce extérieur, et leurs efforts furent couronnés d’un complet succès ; ils se divisèrent en deux classes, les uns faisant le commerce dans le pays, les autres allant chercher fortune à l’étranger en vendant des draps et d’autres articles anglais. Ce succès excita à tel point la jalousie des Anséates, qu’ils ne négligèrent aucun moyen de discréditer les marchands anglais. Ils obtinrent même un édit impérial qui interdisait à ceux-ci tout commerce au sein de l’empire d’Allemagne. Par représailles contre cette mesure, la reine fit saisir 60 bâtiments anséates, qui, de concert avec les Espagnols, exerçaient la contrebande. Son intention était d’abord uniquement d’amener les Anséates à un arrangement amiable. Mais, sur la nouvelle qu’une diète de la Hanse se tenait à Lubeck pour délibérer sur les moyens à employer pour mettre obstacle au commerce extérieur des Anglais, elle confisqua les navires avec leurs cargaisons ; deux cependant furent relâchés et envoyés par elle à Lubeck avec ce message, qu’elle avait le plus profond mépris pour la Hanse, ses délibérations et ses mesures[2]. »

  1. Hume, chap. xxxvii.
  2. Lives of the admirals, vol. 1.