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guerre à la disposition de ce prince avec le même empressement qu’ils avaient témoigné aux précédents rois d’Angleterre bien disposés envers eux, et que de nos jours les Anglais ont montré aux rois de Portugal. Durant tout ce règne, le commerce des Anséates avec l’Angleterre fut encore très-animé. Ils avaient des navires et de l’argent, et savaient, avec tout autant d’habileté que les Anglais de notre temps, acquérir de l’influence auprès des peuples et des gouvernements qui ne comprenaient pas leurs intérêts. Seulement leurs arguments reposaient sur d’autres bases que ceux des monopoleurs commerciaux d’aujourd’hui. Les Anséates fondaient leur droit de fournir des articles fabriqués aux nations étrangères sur des traités et sur une possession immémoriale, tandis qu’actuellement les Anglais veulent établir le leur sur une théorie qui a pour auteur un de leurs douaniers. Ceux-ci sollicitent au nom d’une prétendue science ce que ceux-là réclamaient au nom des conventions et du droit.

Sous le gouvernement d’Edouard VI, le conseil privé chercha et trouva des prétextes pour retirer aux marchands de Stahlhof leurs privilèges. « Les Anséates firent d’énergiques remontrances contre cette innovation ; mais le conseil privé persista dans la résolution qu’il avait prise, et bientôt le pays en ressentit les plus heureux effets. Les marchands anglais possédaient, comme habitants du pays, des avantages décidés sur les étrangers pour le commerce du drap, de la laine et des autres marchandises ; mais, ne se rendant pas suffisamment compte de ces avantages, ils n’avaient pas songé à entrer en lice avec une compagnie opulente. Du jour où tous les marchands étrangers furent assujettis aux mêmes entraves, les Anglais se sentirent encouragés aux opérations commerciales, et l’esprit d’entreprise se développa aussitôt dans tout le royaume[1]. »

Après avoir été, pendant quelques années, entièrement exclus d’un marché où ils avaient exercé durant trois siècles

  1. Hume, chap. xxxv.