Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du règne de Henri VII, postérieur d’un demi-siècle à celui d’Edouard IV :

« Les progrès accomplis dans les métiers et dans les arts réprimèrent plus énergiquement que la sévérité des lois la funeste habitude où était la noblesse d’entretenir un grand nombre de serviteurs. Au lieu de rivaliser par le nombre et par la bravoure de leurs gens, les seigneurs s’éprirent d’une émulation différente, plus conforme au génie de la civilisation ; chacun chercha à se distinguer par la magnificence de son hôtel, par l’élégance de ses équipages et par le luxe de ses meubles. Les hommes du peuple, alors, ne pouvant plus se livrer à l’oisiveté au service des grands, se virent forcés de se rendre utiles à eux-mêmes et à la société en apprenant un état. Des lois furent itérativement rendues pour empêcher l’exportation des métaux précieux, monnayés ou en lingots ; comme on en reconnut l’inefficacité, on astreignit de nouveau les marchands étrangers à acheter des marchandises indigènes en échange de celles qu’ils importaient[1]. »

Sous Henri VIII, le grand nombre des fabricants étrangers avait sensiblement haussé à Londres le prix de toutes les denrées alimentaires ; preuve certaine des avantages considérables que l’agriculture du pays avait retirés du développement d’une industrie manufacturière indigène.

Le roi, néanmoins, se méprenant sur les causes et sur les conséquences de ce fait, prêta l’oreille aux injustes plaintes des fabricants anglais contre les fabricants étrangers, plus adroits, plus laborieux, plus économes qu’ils ne l’étaient eux-mêmes, et ordonna l’expulsion de quinze mille Belges, « parce qu’ils renchérissaient tous les vivres et exposaient le pays au danger d’une famine. » Pour détruire le mal dans sa racine, on décréta aussitôt des lois somptuaires, des règlements au sujet des vêtements, des tarifs du prix des aliments ainsi que des salaires. Cette politique obtint naturellement l’entier assentiment des Anséates ; car ils mirent leurs bâtiments de

  1. Hume, chap. xxvi.