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État, en présence de grands empires, ne peut employer ni conserver utilement ce système, et qu’une puissance parvenue à l’aide des restrictions à la suprématie manufacturière et commerciale, ce but une fois atteint, a intérêt à revenir au principe de la liberté du commerce.

Ici, comme dans tous les débats sur la liberté du commerce international, nous rencontrons une confusion de mots qui a donné lieu à de graves erreurs. On parle de la liberté commerciale comme de la liberté religieuse et civile. Les amis et les champions de la liberté en général se tiennent pour obligés de défendre la liberté sous toutes ses formes, et c’est ainsi que la liberté du commerce est devenue populaire, sans qu’on ait distingué entre la liberté du commerce intérieur et celle du commerce international, qui, dans leur essence et dans leur résultat, diffèrent si profondément l’une de l’autre. Car, si les restrictions mises au commerce intérieur ne sont que dans très-peu de cas compatibles avec la liberté individuelle des citoyens, en matière de commerce extérieur le plus haut degré de liberté individuelle s’accorde avec de grandes restrictions. Il se peut même que l’extrême liberté du commerce extérieur ait pour conséquence la servitude nationale, comme nous le montrerons plus tard par l’exemple de la Pologne. C’est en ce sens que Montesquieu a dit : « C’est dans les pays de la liberté que le négociant trouve des contradictions sans nombre, et il n’est jamais moins croisé par les lois que dans les pays de la servitude[1]. »


CHAPITRE II.

les anséates.


Parvenu à la domination en Italie, le génie de l’industrie, du commerce et de la liberté franchit les Alpes, traversa l’Al-

  1. Esprit des lois, liv. XX, ch. xii.