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on commença à regarder les distinctions honorifiques et les revenus de l’État comme le patrimoine héréditaire des patriciens. Plus tard, lorsqu’on reconnut la nécessité de rajeunir un patriciat vieilli et dégénéré, le Livre fut ouvert de nouveau. Ce ne furent plus les services envers le pays comme autrefois, mais la richesse et une origine ancienne, qui devinrent les titres principaux à l’admission. Cependant le Livre d’or était tellement discrédité, qu’il resta inutilement ouvert durant un siècle.

Si l’on interroge l’histoire sur les causes de la chute de cette république et de son commerce, voici ce qu’elle répond La première de ces causes est la folie, l’énervement et la lâcheté d’une aristocratie dégénérée, l’apathie d’un peuple tombé dans la servitude. Le commerce et les manufactures de Venise auraient dû périr, quand même la route du cap de Bonne-Espérance n’eût pas été trouvée.

Cette chute, de même que celle de toutes les autres républiques italiennes, s’explique aussi par le manque d’unité nationale, par la prépondérance étrangère, par la théocratie indigène et par l’apparition en Europe de nationalités grandes, fortes et compactes.

Si l’on examine en particulier la politique commerciale de Venise, on reconnaît tout d’abord que celle des puissances commerçantes et manufacturières des temps modernes n’est qu’une copie, sur une grande échelle, c’est-à-dire dans les proportions nationales, de la politique vénitienne. Des restrictions maritimes et des droits d’entrée favorisent les marins et les fabricants du pays, et déjà règne la maxime d’importer de préférence des matières brutes et d’exporter des objets manufacturés[1].

On a récemment soutenu à l’appui du principe de la liberté

    les occasions d’attirer à elle les arts et les capitaux de l’étranger. Lucques aussi, où, au treizième siècle, la fabrication du velours et du brocart avait atteint un haut degré de prospérité, vit partir un grand nombre de ses fabricants pour Venise, afin de se soustraire au joug du tyran Castruccio Castracani. Sandu, Histoire de Venise, vol. I.

  1. Sismondi, Histoire des républiques italiennes, 1ère partie.