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l’aristocratie et le pouvoir d’un seul. Ces guerres calamiteuses sont entretenues et envenimées par les puissances étrangères et par leurs invasions ; elles le sont aussi par une théocratie indigène, et par ses excommunications, qui séparent encore chaque cité en deux factions hostiles.

L’Italie se ruine elle-même, l’histoire de ses puissances maritimes en fait foi. Du huitième au onzième siècle, nous voyons d’abord Amalfi grande et puissante[1]. Ses navires couvrent les mers, et tout l’argent qui circule en Italie et dans le Levant est amalfitain. Amalfi possède les meilleures lois en matière de navigation marchande, et son code maritime est adopté dans tous les ports de la Méditerranée. Au douzième siècle, cette puissance maritime est détruite par Pise. Pise à son tour tombe sous les coups de Gênes, et Gênes elle-même, après une lutte séculaire, est forcée de s’incliner devant Venise.

On peut voir aussi dans la chute de Venise une conséquence indirecte de cette politique étroite. Il n’eût pas été difficile à une ligue des puissances maritimes de l’Italie, non-seulement de maintenir la prépondérance italienne en Grèce, dans l’Archipel, dans l’Asie Mineure et en Égypte, mais encore de l’étendre et de l’affermir de plus en plus, d’arrêter les progrès des Turcs et leurs pirateries, de disputer même aux Portugais la route du Cap. Mais, par le fait, Venise fut réduite à ses propres forces, et elle se trouva paralysée au dehors par les autres États italiens en même temps que par les puissances européennes du voisinage.

Il n’eût pas été difficile à une ligue bien organisée des puissances continentales italiennes de défendre l’indépendance de l’Italie contre les grandes monarchies. La fondation d’une ligue pareille fut essayée en 1526, mais dans un moment de danger et seulement dans un but de défense temporaire. La

  1. Amalfi comptait 50.000 habitants au temps de sa splendeur ; Flavio Gioja, l’inventeur de la boussole, était un de ses citoyens. Au pillage d’Amalfi par les Pisans en 1135 ou 1137, on trouva ce vieux livre qui plus tard a été si fatal à la liberté et à l’énergie de l’Allemagne, les Pandectes.