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banquier de tout l’Italie ; on y compte 80 comptoirs de banque[1]. L’État jouit d’un revenu annuel de 300.000 florins d’or, soit 15 millions de francs de notre monnaie ; il est beaucoup plus riche, par conséquent, que les royaumes de Naples et d’Aragon à la même époque et que la Grande-Bretagne et l’Irlande au temps de la reine Élisabeth[2].

Ainsi, dès le douzième et le treizième siècle, nous voyons l’Italie en possession de tous les éléments de la prospérité nationale, et, dans le commerce et dans l’industrie, fort en avance sur tous les autres pays. Son agriculture et ses fabriques servent aux autres contrées de modèle et d’objet d’émulation. Ses chemins et ses canaux sont les plus parfaits qui existent en Europe. C’est à elle que le monde civilisé doit les banques, la boussole, le perfectionnement des constructions navales, les lettres de change, une multitude de coutumes et de lois commerciales des plus utiles, ainsi qu’une grande partie des institutions municipales et politiques. Sa marine marchande et sa marine militaire sont de beaucoup les premières dans les mers du Midi. Le commerce du globe est entre ses mains ; car, si l’on excepte un mouvement d’affaires encore insignifiant dans les mers septentrionales, ce commerce ne s’étend pas au delà de la Méditerranée et de la mer Noire. L’Italie approvisionne tous les autres pays d’articles manufacturés et d’objets de luxe ainsi que des denrées de la zone torride, et elle en reçoit des matières premières. Il ne lui manque qu’une chose pour être ce que l’Angleterre est devenue de nos jours, et, faute de posséder ce bien unique, tout le reste lui échappe ; il lui manque l’unité nationale et la puissance que donne cette unité.

Les villes et les seigneurs d’Italie ne se considèrent pas comme les membres d’un seul et même corps ; ils se combattent, ils se détruisent les uns les autres, comme autant de puissances indépendantes. Outre ces luttes extérieures, chaque commune est agitée par les luttes intestines entre la démocratie,

  1. Delécluse. Florence, ses vicissitudes, etc. p. 23, 26, 32, 103, 213.
  2. Pecchio, Histoire de l’économie politique en Italie.