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ment. Il a constaté la vocation manufacturière des nations des zones tempérées, la mission agricole de celles de la zone torride, et montré la division fondamentale du commerce universel dans l’échange des objets manufacturés des premières contre les denrées coloniales des secondes.

Sans nier ce qu’il y a de respectable et de fécond dans l’épargne, List a prouvé qu’on avait exagéré le rôle économique de cette vertu, qu’elle était, dans certains cas, impuissante, et que des progrès de la civilisation, auxquels elle était complètement étrangère, exerçaient souvent une influence décisive sur la formation et sur l’accroissement des capitaux. L’immense augmentation de la richesse publique occasionnée par les inventions modernes et en particulier par les chemins de fer, a rendu palpable aujourd’hui cette vérité longtemps inaperçue des savants.

Une autre vérité, encore trop méconnue, brille aujourd’hui, grâce à List, de la lumière la plus vive. Il n’y a pas d’erreur plus grossière et en même temps plus répandue que la prétendue opposition d’intérêts entre l’agriculture et l’industrie manufacturière. Combien, épris, d’ailleurs avec raison, de l’agriculture, la première des industries, considèrent comme acquise à son détriment la prospérité des manufactures, lorsque, en réalité, cette prospérité est la sienne, lorsque, dans des manufactures florissantes, l’agriculture trouve ses débouchés, les capitaux qui la vivifient, les procédés savants qui la fécondent ! List s’est approprié la vraie doctrine à cet égard par la richesse de ses développements.

Je ne parlerai pas ici d’aperçus ingénieux, hardis, semés à profusion dans le Système national. Mais, en