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l’histoire fournit tant de preuves, à savoir que la liberté et l’industrie sont des compagnes inséparables, bien qu’il ne soit pas rare de voir l’une naître avant l’autre. Que le commerce et l’industrie apparaissent quelque part, on peut être sûr que la liberté n’est pas loin ; que la liberté déploie quelque part sa bannière, c’est un signe certain que tôt ou tard l’industrie fera son avènement. Car il est dans la nature que l’homme qui a conquis les biens matériels et moraux cherche des garanties de la transmission de cette conquête à sa postérité, ou qu’après être entré en jouissance de la liberté, il emploie tous ses efforts pour améliorer sa condition matérielle et morale.

Pour la première fois depuis la chute des villes libres de l’antiquité, les cités italiennes rendent alors au monde le spectacle de communes libres et riches. Les villes et les campagnes travaillent à la prospérité les unes des autres, et sont, dans leurs efforts, puissamment aidées par les croisades. Le transport des croisés et leur approvisionnement n’encouragent pas seulement la navigation, ils provoquent l’établissement de fécondes relations commerciales avec l’Orient, l’introduction de nouvelles industries, de nouveaux procédés, de nouvelles plantes, la connaissance de jouissances nouvelles. D’un autre côté, l’oppression du système féodal se trouve, sous plus d’un rapport, allégée au profit de l’agriculture libre et des villes.

A côté de Venise et de Gènes, Florence se distingue surtout par ses manufactures et par son commerce d’argent. Dès le douzième et le treizième siècle, ses fabriques de tissus de soie et de laine sont florissantes, les corporations qui exercent ces industries prennent part au gouvernement ; la république se constitue sous leur influence. L’industrie des laines compte à elle seule 200 ateliers ; chaque année se fabriquent 80.000 pièces de drap, dont la matière première est tirée d’Espagne. De plus, Florence importe annuellement pour 300.000 florins d’or de draps communs d’Espagne, de France, de Belgique et d’Allemagne, qui, après avoir été apprêtés chez elle, sont expédiés dans le Levant. Florence est le