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tières premières et comme denrées alimentaires, mais aussi, mais surtout comme stimulants pour le travail agricole et manufacturier. On trouvera donc toujours que tel peuple qui consomme le plus de denrées de la zone torride est aussi celui dont la production agricole et manufacturière est relativement la plus considérable et qui consomme le plus de ses propres produits.

Dans le développement économique des peuples, par le moyen du commerce extérieur, il faut donc distinguer quatre périodes. Dans la première, l’agriculture est encouragée par l’importation des articles manufacturés étrangers et par l’exportation de ses produits ; dans la seconde, des manufactures s’élèvent en même temps que s’importent les articles des manufactures étrangères ; dans la troisième, les manufactures du pays approvisionnent en majeure partie le marché intérieur ; la quatrième, enfin, voit exporter sur une grande échelle les produits des manufactures du pays et importer de l’étranger des matières brutes et des produits agricoles.

Le système douanier, envisagé comme moyen d’aider au développement économique de la nation, en réglant son commerce extérieur, doit constamment prendre pour règle le principe de l’éducation industrielle du pays.

Encourager l’agriculture à l’aide de droits protecteurs, est une entreprise insensée ; car, l’agriculture ne peut être utilement encouragée que par l’existence dans le pays d’une industrie manufacturière, et l’exclusion des matières brutes et des produits agricoles de l’étranger ne fait qu’arrêter l’essor des manufactures du pays.

L’éducation économique d’un pays encore à un degré inférieur d’intelligence et de culture, ou faiblement peuplé relativement à l’étendue et à la fertilité de son territoire, se fait le plus sûrement par la liberté du commerce avec des peuples avancés, riches et industrieux. Toute restriction commerciale ayant pour but d’établir des manufactures est prématurée, et tourne au détriment, non-seulement de la civilisation en général, mais des progrès de la nation