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Les pays de la zone tempérée sont spécialement propres au développement de l’industrie manufacturière ; car la zone tempérée est la région des efforts intellectuels et physiques.

Si les pays de la zone torride sont peu favorisés sous le rapport des manufactures, en revanche ils possèdent le monopole naturel de précieuses denrées que ceux de la zone tempérée recherchent. C’est principalement l’échange des produits manufacturés des uns contre les denrées des autres qui constitue la division du travail et la coopération des forces productives dans le monde entier, ou le grand commerce international.

Un pays de la zone torride ferait une tentative des plus funestes en cherchant à devenir manufacturier. N’y étant point appelé par la nature, il avancera beaucoup plus rapidement en richesse et en civilisation, s’il continue à échanger productions agricoles contre les produits des manufactures de la zone tempérée.

Il est vrai que les pays de la zone torride tombent ainsi dans la dépendance de la zone tempérée ; mais cette dépendance sera exempte d’inconvénients ou plutôt elle cessera d’exister, si, dans la zone tempérée, plusieurs nations se font équilibre sous le rapport des manufactures, du commerce de la navigation et de la puissance politique ; si ces nations non-seulement sont intéressées à ce qu’aucune d’entre elles n’abuse de sa supériorité vis-à-vis des peuples faibles de la zone torride, mais si elles sont en mesure de l’empêcher. Il n’y aurait danger et dommage qu’autant que les manufactures, le grand commerce, la grande navigation et la puissance maritime seraient le monopole d’une seule nation.

Les peuples qui possèdent dans la zone tempérée un territoire vaste et pourvu de ressources variées, renonceraient à l’une des sources les plus abondantes de la prospérité, de la civilisation et de la puissance, s’ils ne s’efforçaient pas de réaliser la division nationale du travail et la coopération nationale des forces productives, sitôt qu’ils en acquièrent les conditions économiques, morales et sociales.