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suprême ; en les invitant, par la variété des climats, des terrains et des productions, à l’échange, par le trop plein de la population et par la surabondance des capitaux et des talents, à l’émigration et à la fondation de colonies. Le commerce international, en éveillant l’activité et l’énergie par les nouveaux besoins qu’il a crée, en propageant d’une nation à l’autre les idées, les découvertes et les forces, est l’un des plus puissants instruments de la civilisation et de la prospérité des peuples.

Mais aujourd’hui l’union des peuples au moyen du commerce est encore très-imparfaite, car elle est interrompue ou du moins affaiblie par la guerre ou par les mesures égoïstes de telles où telles nations.

Par la guerre, une nation peut être privée de son indépendance, de ses biens, de sa liberté, de sa constitution et de ses lois, de son originalité propre et en général du degré de culture et de bien-être qu’elle a déjà atteint ; elle peut être asservie. Par les mesures égoïstes de l’étranger elle peut être troublée ou retardée dans son développement économique.

Conserver, développer et perfectionner sa nationalité, tel est donc aujourd’hui, et tel doit être l’objet principal de ses efforts. Il n’y a là rien de faux et d’égoïste ; c’est une tendance raisonnable, parfaitement d’accord avec le véritable intérêt du genre humain ; car elle conduit naturellement à l’association universelle, laquelle n’est profitable au genre humain qu’autant que les peuples ont atteint un même degré de culture et de puissance et que, par conséquent, elle se réalise par la voie de la confédération.

Une association universelle, prenant son origine dans la puissance et dans la richesse prépondérantes d’une seule nation, et basée par conséquent sur l’assujettissement et sur la dépendance de toutes les autres, aurait pour résultat l’anéantissement de toutes les nationalités et de toute émulation entre les peuples ; elle heurte les intérêts comme les sentiments de toutes les nations qui se sentent appelées à l’indépendance et à la possession d’une grande richesse ainsi que d’une haute