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abaissé leurs prix, et, par là, d’attaquer dans son germe l’esprit d’entreprise en Allemagne ; car toute fabrique ruinée par un amoindrissement de protection et, en général, par une mesure de gouvernement, est comme un cadavre pendu, qui fait reculer au loin d’épouvante tout être vivant de la même espèce. Il s’en faut de beaucoup, nous le répétons, que nous ajoutions foi à ces assurances ; mais c’est déjà un mal qu’elles aient été, qu’elles aient pu être rendues publiques ; car, en ébranlant la confiance dans le maintien de la protection douanière, elles ont porté un coup sensible à l’esprit d’entreprise industrielle. Le rapport nous fait pressentir sous quelle forme l’industrie allemande recevait le poison mortel, de manière que la cause de la désorganisation ne fût pas trop apparente, et n’attaquât que plus sûrement les sources de la vie. Les droits au poids seraient remplacés par des droits à la valeur, ce qui ouvrirait la porte à la contrebande anglaise et aux fraudes en douane, et cela justement sur les articles de consommation générale qui offrent la moindre valeur relative et la plus grande masse totale, par conséquent sur les articles qui forment la base de l’industrie manufacturière.

On voit quelle est aujourd’hui l’importance pratique de la grande question du libre commerce de peuple à peuple, et combien il est nécessaire de rechercher une bonne fois impartialement et à fond jusqu’à quel point la théorie et la pratique se sont trompées en cette matière, de manière à les mettre enfin d’accord l’une avec l’autre, ou du moins d’agiter sérieusement le problème de ce rapprochement.

En vérité, l’auteur le déclare non par une modestie affectée, mais avec le sentiment d’une profonde défiance de ses forces, c’est après plusieurs années de résistance contre lui-même, après avoir cent fois mis en doute la rectitude de ses idées et s’en être assuré cent fois, après avoir soumis les idées contraires à des épreuves réitérées, et en avoir constamment reconnu l’inexactitude, qu’il s’est décidé à aborder la solution de ce problème. Il se croit exempt de la vaine ambition de contredire d’anciennes autorités et de