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le roi. Tous ces Jacques étendus morts de faim ou la bouche pleine d’herbes, c’était l’envers de la médaille sur laquelle on voyait reluire le roi et ses maîtresses couverts de brocarts, de velours, de bijoux ; les chasses royales à travers des lieues carrées laissées incultes pour nourrir le gibier du roi ; les jeux de la guerre pour varier les plaisirs de l’amour ; les ducs, les marquis, les comtes, les barons, vendant leur foi, leur honneur, tendant l’écuelle à la munificence souveraine ; les gendarmes faisant ripaille avec la provision de toute une année des paysans ; les chanoines gras et dodus abandonnant aux orties le tiers des terres du royaume ; les magistrats interprétant ou violant la loi au caprice du souverain ou des puissants qui faisaient la loi et rendaient la justice.

« L’autre jour, le marquis de Pomenars passa par ici, dit Mme de Sévigné ; il venait de Laval où il trouva une grande assemblée de peuple ; il demanda ce que c’était : « C’est, lui dit-on, que l’on pend en effigie un gentilhomme qui avait enlevé la fille du comte de Créance. » Cet homme-là, c’était lui-même. Il approche : il trouve que le peintre l’avait mal habillé ; il s’en