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R. C’est là le cœur de la question. Les individualistes, autrement dit les égoïstes, se contentent de la liberté. Que chacun, disent-ils vive comme il pourra. Nous, Jacques, nous devons nous efforcer de faire vivre chacun. Oui, à ceux qui n’ont que leurs bras la société est tenue de venir en aide, par tous les moyens possibles, en leur procurant soit le crédit, soit l’outillage.

D. Ce peut être une grosse charge pour le pays ?

R. Est-ce que le milliard que nous avons donné aux émigrés, est-ce que les onze ou douze milliards que nous avons fournis depuis 1852 à l’armement, est-ce que les 708 millions que nous avons payés à Napoléon III, est-ce que ces dotations qui depuis vingt années se chiffrent par centaines de millions, ne constituent pas une charge autrement lourde ? Après avoir pourvu tant de monde, n’est-il pas juste que l’État pourvoie le travailleur à son tour ? N’y a-t-il pas des millions d’hectares incultes en France et en Algérie ? Est-ce que l’État ne pourrait pas fournir aux associations industrielles ou agricoles un outillage productif et remboursable, lui qui jette des milliards à tout jamais perdus dans le gouffre sans fond de la guerre ?