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députés qui refuseront l’impôt ! Dans les villes c’est possible, mais à la campagne, mon cher Jacques, il faut être un héros pour ne pas nommer l’ami de Napoléon III.

Écoute un peu comme on s’y prend.

Napoléon III n’a qu’un mot à dire à son ministre : Soignez-moi les élections. — Le ministre qui n’est pas fier répond, courbé en deux : Entendre c’est obéir. Il fait, à son tour, mander les préfets : (il y a quatre-vingt-neuf préfets payés de 40,000 à 15.000 francs, sans compter les frais de représentation, les tours de bâton et les petits bénéfices qu’ils peuvent ingénieusement ramasser dans les démolitions de certaines villes). « M. le préfet, le gouvernement entend que MM. tels et tels soient élus dans votre département. »

Le préfet s’incline. Il s’agit d’obéir ou d’être dégommé. Or, tu peux être certain, Jacques, que sur les quatre-vingt-neuf préfets de France, il n’en est pas dix auxquels un industriel confierait l’administration de ses intérêts.

De retour dans son département, le préfet dit à ses sous-préfets (il y a deux cent quatre-vingt-trois sous-préfets, payés 5,600 francs, en