Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’élève au faubourg Saint-Antoine. Le représentant Baudin exhorte les assistants. Il tend un fusil à l’un d’eux qui goguenard : « Croyez-vous que nous nous ferons tuer pour vous conserver vos 25 francs ? — Citoyen, répond Baudin, tu vas voir comment on meurt pour 25 francs. » La troupe arrive, Baudin l’adjure au nom de la Constitution violée. Il tombe percé de balles, héros du devoir, première victime de Louis-Napoléon.

Dans la journée, des barricades naissent sur plusieurs points, mais sans ordre, sans entente ; elles sont enlevées rapidement. Vers le soir, Paris semble se réveiller ; les excitations des républicains raniment les courages, et le lendemain de bonne heure une foule immense remplit les boulevards.

Le 4 on s’alarme au palais de l’Élysée. La résistance, dit-on, se dessine sur plusieurs points. Les visiteurs sont rares. Bientôt l’inquiétude s’aggrave, on crie sur les boulevards : Vive la République ! À deux heures et demie, un aide de camp force la consigne, pénètre jusqu’au Président, prudemment retiré dans un appartement éloigné. Louis-Napoléon, les pieds sur les chenets, écoute le rapport, et sans même détour-