Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
césar.

puissante, que quand elle faisait quelque perte, elle était en état non-seulement de la réparer bien vite, mais encore d’augmenter ses forces. Pompée lui envoya ce qu’il demandait, autant par amitié pour lui que pour le bien de l’état. Aussi ayant bientôt achevé les recrues par ses lieutenans, formé et réuni avant la fin de l’hiver trois légions de plus, et par-là réparé au double la perte des cohortes sous Titurius, il fit voir, et par sa diligence et par le nombre de ses soldats, ce dont étaient capables la discipline et la puissance du peuple romain.

2. Après la mort d’Induciomare, ceux de Trèves donnèrent le commandement à ses proches, qui ne cessèrent de solliciter les Allemands, et de leur promettre de l’argent pour les engager à passer le Rhin. Les plus voisins de ce fleuve se trouvant inébranlables, ils s’adressent aux nations qui en étaient plus éloignées, et en gagnent quelques-unes, avec lesquelles ils se lient par un serment mutuel, et leur donnent des otages pour sûreté de l’argent qu’ils leur promettaient ; ils firent aussitôt entrer Ambiorix dans les mêmes engagemens. Enfin Informé de ce qui se passait, voyant l’orage qui se formait de toutes parts, et que ceux du Hainaut, de Namur et de la Gueldre, joints aux Allemands établis en-deçà du Rhin, étaient en armes ; que ceux de Sens ne se rendaient pas à ses ordres, et s’entendaient avec ceux de Chartres et avec les autres nations voisines ; que ceux de Trèves ne cessaient de solliciter les Allemands de passer le Rhin ; César crut que le mieux qu’il pouvait faire était de les prévenir.

3. Sans donc attendre la fin de l’hiver, il prend les quatre légions les plus proches, et vient fondre tout à-coup sur ceux du Hainaut, avant qu’ils eussent assemblé leurs troupes ou pourvu à leur retraite ; il leur enlève beaucoup de monde et de bétail, ravage leur pays, abandonne le butin à ses troupes, et les oblige de se rendre et de lui donner des otages. Cette affaire promptement terminée, il ramena ses troupes dans leurs quartiers ; et dès les premiers jours du printemps, ayant assemblé, selon l’usage, les états de la Gaule, où tous se trouvèrent excepté ceux de Sens, de Chartres et de Trèves, il regarda cette conduite comme un signal de guerre et de révolte ; et pour faire voir qu’il avait cette affaire plus à cœur que le reste, il transféra les états à Paris. Cette ville, qui est frontière de ceux de Sens, leur était de tout temps alliée ; mais elle n’avait point de part au complot. Après avoir prononcé cette translation du haut de son siége, César part le même jour avec ses légions, et marche à grandes journées contre ceux de Sens.

4. Acco, qui était à la tête de la révolte, instruit de son arrivée, ordonna au peuple de la campagne de se retirer dans les villes ; mais, avant que cette mesure pût être exécutée, on leur annonça que les Romains paraissaient. Alors ils furent obligés de changer de résolution, et de députer vers César, pour implorer sa clémence. Ils viennent le trouver avec les Autunois leurs anciens alliés, à la prière desquels César leur pardonna, et reçut leurs excuses, parce que l’été approchait, saison qu’il ne voulait pas perdre en discussions, au lieu de l’employer à la guerre. Il en exigea cent otages, qu’il donna en garde aux Autunois. Ceux de Chartres, par l’entreprise des Rhémois, sous la protection desquels ils étaient, sont reçus en grâce aux mêmes conditions. De là César retourne lever les états, et ordonne aux Gaulois de lui fournit de la cavalerie.