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césar.

son fils que l’ennemi avait enveloppé ; Cotta, général, fut blessé au visage d’un coup de fronde, au moment où il volait de rang en rang encourager les soldats.

37. Alors Sabinus surpris, ayant aperçu de loin Ambiorix qui animait ses troupes, lui envoya Cn. Pompeius, son interprète, pour le prier d’épargner le sang romain et le sien. Celui-ci répondit que si Sabinus avait le désir de conférer avec lui, il le pouvait ; qu’il se flattait d’obtenir des Gaulois de traiter humainement les vaincus ; que pourlui il pouvait venir en assurance, et qu’il lui promettait qu’il ne lui serait fait aucun mal. Sabinus fait part de cette réponse à Cotta son collègue, et s’efforce de l’engager à sortir avec lui de la mêlée, pour aller conférer avec Ambiorix dont il espérait, disait-il, pouvoir obtenir le salut commun. Cotta proteste qu’il ne se rendra jamais auprès d’un ennemi armé, et persiste dans ce refus.

38. Sur cette réponse, Sabinus ordonne aux tribuns des soldats qui se trouvaient auprès de lui, et aux centurions des premiers manipules de le suivre. Arrivé auprès d’Ambiorix, il reçoit ordre de mettre bas les armes ; il obéit, et commande aux siens d’en faire autant. Cependant, tandis que l’on traite des conditions, et qu’Ambiorix prolonge à dessein la conférence, Sabinus est insensiblement enveloppé, et massacré avec tous ceux qui l’accompagnaient. Alors les Gaulois, selon leur coutume, se mettent à crier victoire : en même temps, poussant de grands cris, ils se jettent sur nos troupes et les mettent en désordre. Cotta et la plus grande partie de ses soldats périssent les armes à la main ; le reste se retire au camp d’où il était parti. De ce nombre fut L. Petrosidius, enseigne d’une légion, qui, se voyant pressé, jette l’aigle dans le camp, et est tué en se défendant avec vigueur. Les autres résistent encore jusqu’à la nuit, quoiqu’avec peine ; enfin de désespoir ils se tuent tous les uns les autres dans l’obscurité. Quelques-uns, échappés de cette défaite, gagnèrent les bois, et par des chemins de traverse se rendirent au camp de T. Labiénus, auquel ils portèrent cette triste nouvelle.

39. Enflé de cette victoire, Ambiorix partit aussitôt avec sa cavalerie pour se rendre chez ceux de Namur ses voisins, et marcha jour et nuit, après avoir donné ordre à son infanterie de le suivre. Il leur rendit compte de ce qu’il avait fait, et leur persuada de prendre le même parti que lui. Le lendemain, il passa chez ceux du Hainaut, qu’il exhorta de même à ne point perdre l’occasion de s’affranchir, et de se venger des insultes qu’ils avaient reçues des Romains ; il leur apprit que deux des lieutenans de César étaient morts, et une grande partie de leur armée taillée en pièces ; qu’il était aisé d’en faire autant de la légion qui était en quartiers d’hiver sous les ordres de Cicéron, et qu’il les seconderait. Il ne lui fut pas difficile de les persuader.

40. Aussitôt ils envoient ordre à ceux de Courtrai, de Bruges, de Louvain, de Tournai et de Gand, tous peuples de leur dépendance, d’assembler le plus de forces qu’il serait possible, et viennent subitement fondre sur les retranchemens de Cicéron qui n’était pas encore informé de la mort de Sabinus. Aussi lui arriva-t-il, ce qu’il ne pouvait éviter, qu’ayant été contraint d’envoyer quelques sotdats faire du bois et des fascines dans la forêt, ils furent surpris par l’arrivée subite de la cavalerie ennemie. Après les avoir envelop-