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césar.

pas perdre la saison propre à tenir la mer (on touchait à l’équinoxe), il fut obligé d’entasser ses troupes dans le peu de navires qu’il avait ; et le vent s’étant trouvé favorable, il mit à la voile sur les neuf heures du soir, et prit terre au point du jour, sans avoir perdu un seul vaisseau.

25. Après avoir fait mettre ses vaisseaux à sec, il tint les états de la Gaule dans Amiens ; et comme cette année la récolte avait été peu abondante à cause de la sécheresse, il fut obligé de mettre ses troupes en quartiers d’hiver autrement que les années précédentes, et de les distribuer dans plusieurs provinces. Il envoya donc une légion dans le pays de Térouanne, sous les ordres de C. Fabius ;une autre dans le Hainaut, avec Q. Cicéron ; la troisième, chez ceux de Séez, sous le commandement de L. Roscius ; la quatrième, dans le Rhémois, frontière de Trèves, sous Q. Labiénus ; et trois dans la Belgique, sous la conduite de M. Crassus, son questeur, et de L. Munatius Plancus et C. Trébonius, ses lieutenans. À l’égard de la légion qu’il avait levée depuis peu au-delà du Pô, il l’envoya avec cinq cohortes dans le pays de Liége, situé, en grande partie, entre la Meuse et le Rhin, où Ambiorix et Cativulcus commandaient ; et il mit ses soldats sous les ordres de Q. Titurius Sabinus et de L. Aurunculéius Cotta, ses lieutenans. Par cette distribution de ses troupes, il crut pouvoir remédier à la disette des vivres. Du reste, leurs quartiers n’étaient pas même fort éloignés les uns des autres car, excepté la légion de L. Roscius, qui était dans le pays de Séez où il ne faisait aucun mouvement, et où tout était tranquille, le reste s’était renfermé dans une étendue d’environ trente-cinq lieues. Cependant il jugea convenable de rester dans lu Gaule jusqu’à ce qu’elles fussent bien établies et retranchées dans leurs quartiers.

26. Dans le pays Chartrain se trouvait un seigneur nommé Tasgétius, dont les ancêtres avaient possédé la souveraineté de cette province. César, en considération de sa valeur, de son attachement aux Romains, et de ses grands services, l’avait rétabli dans le rang de ses aïeux. Il régnait depuis trois ans lorsque ses ennemis, de concert avec plusieurs de sa nation, l’assassinèrent publiquement. À cette nouvelle, César craignant que le grand nombre de coupables n’entraînât tout le canton dans la révolte, fit sur-le-champ passer L. Plancus avec sa légion de la Belgique dans le pays Chartrain, lui ordonna d’y prendre ses quartiers d’hiver, de se saisir des complices de la mort de Tasgétius, et de les lui envoyer. D’un autre côté, tous ses lieutenans et ses questeurs, auxquels il avait conué ses légions, lui donnèrent avis de leur arrivée dans leurs quartiers, l’avertissant qu’ils y étaient retranchés.

27. Il n’y avait pas plus de quinze jours que les postes étaient établis qu’Ambiorix et Cativulcus firent éclater une nouvelle révolte. Ces deux chefs qui, à l’arrivée de Sabinus et de Cotta sur leur frontière, étaient venus au-devant d’eux et leur avaient fourni des vivres, sollicités depuis par Induciomare, seigneur de Trèves, soulevèrent tout le pays ; et, étant tout d’un coup tombés sur ceux des nôtres qui étaient sortis pour faire du bois, ils vinrent en grand nombre attaquer le camp. Aussitôt les Romains prennent les armes et montent sur le rempart ; d’un autre côté, la cavalerie espagnole fait une sortie si à propos, que l’ennemi ayant du désavantage et perdant l’espoir de nous forcer, abandonne l’attaque, et se retire en criant, selon sa