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guerre des gaules. — liv. v.

tons-là, de laquelle était Mandubratius, jeune homme qui s’était attaché à César, et qui était venu en Gaule se jeter entre ses bras, pour éviter le sort d’Imanuentius son père, roi de ce peuple, que Cassivellaunus avait fait mourir, ces peuples, dis-je, députèrent vers César, pour lui offrir de se rendre et de lui obéir : ils lui demandèrent en même temps sa protection pour Mandubratius contre Cassivellaunus, et le prièrent de vouloir leur renvoyer ce jeune prince pour être. leur chef et leur roi. Il y consentit à condition qu’ils lui livreraient quarante otages et des vivres pour ses troupes ; y ayant satisfait sans délai, il leur renvoya Mandubratius.

22. La protection qu’accorda César à ceux d’Essex et de Middlesex les ayant mis à couvert de toute hostilité, les Cénimagnes, les Ségontiaces, les Ancalites, les Bibroces, les Casses suivirent leur exemple et se soumirent. César apprit que la ville de Cassivellaunus n’était pas éloignée, qu’elle était défendue par des forêts et des marais, et que la plupart de ses sujets s’y étaient retirés avec leurs troupeaux. Ces peuples nomment ville un bois épais fortifié d’un rempart et d’un fossé, qui leur sert de retraite contre les courses des ennemis. César y marche avec ses troupes, et trouve le lieu très-fort par sa situation et par l’art. ; cependant il résolut, de l’attaquer par deux endroits. Les ennemis firent d’abord quelque résistance ; mais, ne pouvant soutenir notre effort, ils se retirèrent par un côté qui n’était point attaqué. On trouva dans ce camp beaucoup de bétail, et plusieurs des fuyards furent pris et tués.

23. Pendant que nous étions occupés sur ce point, Cassivetlaunus dépêcha vers ceux de Rent, dont le pays, comme on l’a dit, s’étend le long de la côte ; là, commandaient Cingétorix, Carvilius, Taximagulus et Ségonax. Cassivellaunus donna ordre à ces quatre rois de rassembler toutes leurs troupes, et d’aller subitement attaquer le camp où étaient nos vaisseaux, lis s’y rendirent en effet ; mais nos gens, ayant fait une sortie contre eux, en tuèrent plusieurs, firent prisonnier Lugotorix, un de leurs principaux chefs, et retournèrent dans le camp sans aucune perte. Cassivellaunus ayant appris ce mauvais succès, rebuté de tant de pertes, du ravage de son pays, et surtout de la défection de plusieurs peuples, députa vers César, cherchant à s’accommoder avec lui par l’entremise de Comius, roi d’Arras. Comme César avait résolu d’aller passer l’hiver dans la Gaule à cause des fréquentes révoltes auxquelles ce pays était sujet, et que l’été approchait de sa fin, pour ne pas perdre le peu qui en restait il voulut bien y accéder : il exigeaa des otages, fixa le tribut que l’Angleterre payerait tous les ans au peuple romain, et défendit Cassivellaunus d’inquiéter Mandubratius, et ceux d’Essex et de Middlesex.

24. Les otages fournis, il ramena ses troupes vers la mer, où il trouva ses vaisseaux radoubés. Il les fit mettre en mer ; et parce qu’il avait fait beaucoup de prisonniers, et que la tempête avait mis quelques-uns de ses vaisseaux hors d’état de servir, il prit le parti de faire transporter son armée en deux fois. Heureusement de tant de navires, et de tant de voyages qu’ils firent l’année d’auparavant et cette-ci, aucun de ceux qui portaient des soldats ne périt. A l’égard de ceux qui revenaient de la Gaule, après avoir mis les troupes à terre, ou de ceux que Labiénus avait fait construire au nombre de soixante, peu arrivèrent à bon port presque tout le reste périt. César les attendit en vain pendant quelques jours : ainsi pour ne