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césar.

poursuivre l’ennemi lorsqu’il tâchait le pied, et n’osant abandonner son drapeau, était moins propre contre ces sortes d’adversaires ; que, d’un autre côté, la cavalerie ne pouvait le combattre sans s’exposer beaucoup, parce qu’ils feignaient quelquefois de fuir pour l’éloigner de l’infanterie, et qu’alors s’élançant de leurs chariots, ils la combattaient à pied avec avantage. Ce genre de combat était également dangereux pour notre cavalerie, soit qu’elle reculât, soit qu’elle poursuivît l’ennemi. Ajoutez à ces difficultés que ces Barbares ne combattaient jamais en corps, mais par pelotons séparés et éloignes les uns des autres, ayant des corps de réserve disposés de manière qu’ils se prêtaient mutuellement la main, soit pour recueillir les fuyards, soit pour envoyer des troupes fraîches.

18. Le lendemain les ennemis allèrent se poster sur les collines, loin de notre camp, et ne se montrèrent qu’en petit nombre, escarmouchant contre notre cavalerie avec moins d’ardeur que le jour précédent. Mais, sur le midi, César ayant envoyé trois légions et toute sa cavalerie fourrager sous la conduite de C. Trébomus, l’un de ses lieutenans, ils vinrent subitement fondre de tous côtés sur les fourrageurs et sur les légions. Les nôtres les assaillirent vigoureusement, et les repoussèrent : notre cavalerie, qui se voyait bien suivie de l’infanterie, ne cessa de les poursuivre qu’après les avoir entièrement mis en désordre ; de sorte qu’on en tua un grand nombre, sans leur donner le temps ni de se rallier, ni de s’arrêter, ni de descendre de leurs chariots. Après cette déroute, les secours qui leur étaient venus de toutes parts se retirèrent : depuis ce moment les Barbares ne nous attaquèrent jamais avec toutes leurs forces.

19. César, qui connut bientôt leur intention, marcha vers la Tamise, à dessein d’entrer dans les états de Cassivellaunus. Il n’y a pour passer ce fleuve qu’un gué assez difficile, au-delà duquel César, lorsqu’il en approcha aperçut un grand nombre d’insulaires rangés en bataille. La rive était garnie d’une palissade de gros pieux pointus, et ils en avaient encore enfoncé d’autres dans l’eau, et qu’on ne voyait point. César, informé de toutes ces dispositions par des prisonniers et des transfuges, fit entrer sa cavalerie dans le gué, et ordonna aux légions de la suivre de près. Quoique ces légions eussent de l’eau jusqu’au cou, elles passèrent avec tant de promptitude et d’impétuosité, que l’ennemi ne put soutenir leur choc, abandonna le rivage et prit la fuite.

20. Alors Cassivellaunus, désespérant de pouvoir disputer le terrain, congédia ses troupes, et ne retint qu’environ quatre mille hommes de ceux qui savaient se battre sur des chariots, avec lesquels il observait notre marche. Il se tenait pour cela un peu a l’écart, caché dans des bois et dans des lieux couverts, faisant retirer dans les forêts le bétail et les habitans qui se trouvaient sur notre passage ; et dès que notre cavalerie se répandait dans la campagne pour ravager et pour piller, il sortait, avec ses chariots, des bois voisins dont il connaissait toutes les routes et tous les sentiers, tombait sur elle, la mettait en grand danger, et par ce moyen l’empêchait de battre la campagne. Il ne restait à César d’autre parti que de ne point permettre qu’elle s’écartât trop de la route des légions, lui défendant de brûler et d’étendre ses ravages hors de la portée de son infanterie.

21. Cependant les peuples des comtés d’Essex et de Middlesex, une des nations les plus puissantes de ces can-