Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée
65
guerre des gaules. — liv. v.

d’un certain poids. Il se trouve des mines d’étain dans le cœur du pays, et des mines de fer sur la côte ; mais ces dernières sont peu abondantes. Le cuivre y vient du dehors. Il y croit toutes sortes d’arbres comme dans la Gaule, excepte le hêtre et le sapin. Les Anglais ne croient pas qu’il leur soit permis de manger des lièvres, des poules et des oies ; ils en nourrissent pourtant par goût et par plaisir. Le climat y est plus tempéré, et le froid moins rude que dans la Gaule.

14. L’île est de forme triangulaire l’un des côtés regarde la Gaule. Des deux angles de ce côté, l’un est au levant, vers le pays de Kent, où abordent presque tous les vaisseaux qui viennent de la Gaule ; l’autre, plus bas, est au midi. Ce côté a environ cent soixante lieues d’étendue. L’autre côté du triangle regarde l’Espagne et le couchant : de ce côté est située l’Irlande qui passe pour être plus petite de moitié que l’Angleterre, dont elle n’est pas plus éloignée que celle-ci l’est de la Gaule. Au milieu est l’île de Mona : on croit qu’il y en a aussi plusieurs autres petites, où, suivant quelques écrivains, il y a trente jours de nuit en hiver ; mais nos recherches ne nous ont rien appris de positif : nous avons seulement découvert, par le moyen de certaines horloges d’eau, que les nuits y sont plus courtes que dans la Gaule. Ces mêmes écrivains croient que ce second côté a plus de deux cent trente lieues de longueur. Le troisième côté du triangle regarde le septentrion : en face, il n’y a point de terres, si ce n’est l’Allemagne qui est à l’une de ses extrémités. On donne à ce dernier côté plus de deux cent soixante lieues de longueur. Ainsi toute l’île peut avoir environ six cents lieues de tour.

15. Les plus civilisés de tous ces peuples sont ceux de Kent, dont tout le pays est maritime, et leurs coutumes différent peu de celles des Gaulois. La plupart de ceux qui habitent l’intérieur du pays n’ensemencent point leurs terres ; ils vivent de lait et de la chair de leurs troupeaux, et sont vêtus de peaux. Tous les Anglais se peignent le corps avec du pastel, qui, forme un vert de mer, et qui leur rend dans la mêlée la figure horrible : ils laissent croître leurs cheveux, et se rasent tout le corps, excepté la tête et la lèvre supérieure. Une femme chez eux est commune à dix ou douze, surtout entre les frères et les parens ; s’il en vient des enfans, ils appartiennent à celui qui le premier l’a épousée.

d6. La cavalerie ennemie, soutenue par des chariots, attaqua vivement la nôtre dans sa marche ; mais partout elle fut repoussée et chassée jusque dans les bois et les montagnes, où nous perdîmes quelques cava ! iers, qui s’étaient engagés trop avant, après avoir fait un grand carnage des insulaires. Peu de temps après, pendant que nos gens, occupés à se retrancher, ne se défiaient de rien, tout d’un coup ils sortirent de leurs forêts, et vinrent fondre sur notre garde qu’ils chargèrent vivement. Aussitôt César envoie à son secours les deux premières cohortes de deux légions ; mais, comme celles-ci étaient postées à quelque distance l’une de l’autre, l’ennemi, les voyant étonnées de leur nouvelle manière de combattre, eut la hardiesse de se faire jour entre deux, et se tira de là sans perte. Q. Labét’iusDurus, tribun des soldats, fut tué en cette occasion. On renvoya d’autres troupes en plus grand nombre, qui repoussèrent les Barbares. d7. Cette action, qui se passa aux yeux de toute l’armée, fit comprendre que l’infanterie romaine chargée d’armes, par conséquent hors d’état de