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césar.

quatre lieues qu’il découvrit les ennemis. Ils s’étaient avancés avec leur cavalerie et leurs chariots jusqu’à une rivière ; et de la hauteur où ils étaient, ils commencèrent à nous interdire le passage el à nous attaquer. Repoussés par notre cavalerie, ils S’enfoncèrent dans les bois, où ils trouvèrent un lieu fort par sa situation et par l’art : ils l’avaient fortifié auparavant, à ce qu’il paraissait, à l’occasion de quelque guerre civile, car toutes les avenues étaient fermées par de grands abatis d’arbres. Ils n’en, venaient aux mains que par pelotons dans la forêt, pour empêcher nos troupes de pénétrer jusqu’à leurs retranchemens. Mais la septième légion éleva une terrasse ou batterie jusqu’au pied du rempart, et, couverte de ses boucliers, elle força le camp et chassa l’ennemi du bois ; il n’y eut que peu de blessés. César défendit qu’on le poursuivit, et parce qu’on ne connaissait pas le pays, et parce que le jour étant déjà avancé, il voulait en employer le reste à se retrancher.

11. Le lendemain matin il partagea sa cavalerie et son infanterie en trois corps, et les mit à la poursuite des fuyards. Mais à peine étaient marche, et l’on n’avait pas même encore perdu les derniers de vue, que des cavaliers vinrent de la part d’Atrius apprendre à César que la nuit précédente il s’était élevé une furieuse. tempête, qui avait mis ses vaisseaux presque tous en mauvais état, et les avait fait échouer sur le rivage, sans que ni les ancres, ni les cordages, ni l’adresse des pilotes eussent pu résister à sa violence ; et que la perte de ceux qui s’étaient brisés les uns contre les autres était fort considérable.

12. Sur cet avis, il fit rappeler ses trois corps et retourna vers sa flotte, Là il vis de ses yeux le désastre qu’on

lui avait annoncé : environ quarante vaisseaux étaient fracassés ; les autres, quoique fortmaltraités, pouvaient pour- tant être remis en état à force de tra- vail, Il mit donc à l’ouvrage les char- pentiers qu’il avait dans ses troupes et en fit venir d’autres des Gaules. En même temps il donna ordre à Labié- nus d’employer les troupes qu’il avait à construire le plus de vaisseaux qu’il se pourrait. De son côté, quelque peine, quelque travail qu’il dût en coûter, il crut qu’il serait lrès-avantageux de metl- tre ses vaisseaux à sec, et de les enfer- mer dans son camp. Il y fit donc tra- vailler ses soldats environ dix jours et dix nuits. Cette opération achevée, et son camp bien fortifié, il y laissa les mêmes troupes qu’auparavant et —re- tourna au même poste d’où il était parti. Il y trouva l’armée ennemie fort augmentée ; et, d’un consentement una- nime elle avait pris pour chef Cassivel- launus, dont les états, séparés des villes maritimes par la Tamise, étaient en- viron à vingt-trois lieues de la mer. Ce prince avait eu précédemment dés guerres continuelles à soutenir contre les autres peuples de l’ile ; mais les Bretons effrayés de notre arrivée se réu- nirent et Jui donnèrent le coran dement général.

45. L’intérieur de l’Angleterre est habité par des peuples qui, de toute ancienneté, passent pour être nés dans le pays ; et la côte, par des Belges que l’amour de la guerre et du pillage fit sortir de leurs demeures. Ceux-ci ont presque tous conservé le nom des na- tions d’où ils sont sortis, et qu’ils ont quitiées pour attaquer celte île où ils se sont établis. Elle est très-peuplée ; et les maisons y sont bâties à peu près à la manière des Gaulois. Il y a quan- tité dé bétail ; et pour monnaie on $’y sert de cuivre, vu d’anneaux de fer