Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée
61
guerre des gaules. — liv. v.


tant, selon sa coutume, pour aller passer l’hiver en Italie, donna ordre aux lieutenans qu’il avait mis à la tête de chaque légion, de faire construire pendant l’hiver le plus de vaisseaux qu’il serait possible, et de faire radouber les anciens. Il leur en prescrivit la forme et la grandeur. Pour qu’on pût tes charger et les mettre à sec plus promptement, il les fit faire un peu moins hauts que ceux dont on se sert sur notre mer, d’autant plus qu’il avait remarqué que les vagues n’étaient pas si élevées dans cette mer, à cause du flux et du reflux : il voulut qu’ils fussent plus larges, afin de porter plus de bagage et de chevaux, et qu’ils fussent tous à voiles et à rames, et bons voiliers, à quoi leur peu de hauteur contribuerait beaucoup. Il fit venir d’Espagne tout ce qui était nécessaire pour les équiper ; ensuite, après avoir tenu les états de Lombardie, il partit pour l’Illyrie, sur ce qu’il avait appris que les Pyrustes ravageaient la frontière par leurs incursions fréquentes.

2. À son arrivée, il ordonna à chaque ville de lui fournir un certain nombre de soldats, et leur assigna un rendez-vous. Sur cet avis, les Pyrustes lui envoyèrent des ambassadeurs, pour lui représenter que le corps de la nation n’avait aucune part à ce qui s’était passé, et qu’ils étaient prêts à réparer l’insulte faite par des particuliers. César reçut leurs excuses, et leur ordonna de lui amener des otages au jour marqué, sous peine d’être traités en ennemis. Ayant été ponctuellement. obéi, il nomma des arbitres pour estimer le dommage, et juger queue devait en être la réparation.

3. Après avoir terminé cette affaire, et tenu les états, il repassa dans la Gaule, d’où il alla joindre son armée. Il en visita tous les quartiers, et trouva que, malgré ta disette générale, ses troupes l’avaient servi avec tant d’affection, qu’on pouvait compter près de six cents vaisseaux, tels qu’il les avait commandés, et vingt-huit galères presque prêts à mettre en mer : Après avoir loué l’activité des soldats, et le zèle de ceux qui avaient présidé à l’ouvrage, il leur fit connaître ses intentions, et leur dit de se rendre tous au port de Boulogne, d’où le trajet en Angleterre est très-commode, puisqu’il n’est que d’environ dix lieues ; et en conséquence il leur laissa autant de troupes qu’il crut leur être nécessaires. Pour lui, il marcha sans bagage, avec six légions et huit cents chevaux, contre ceux de Trêves, qui négligeaient de députer aux états, refusaient d’obéir aux Romains, et même, à ce qu’on disait, sollicitaient les Allemands d’au-delà du Rhin de passer ce fleuve.

4. Ces peuples sont de tous les Gaulois les plus puissans en cavalerie ; ils ont en outre beaucoup d’infanterie, et habitent, comme je l’ai dit, les bords du Rhin. Deux chefs, Induciomare et Cingétorix se disputaient l’autorité dans ce canton. Ce dernier n’eut pas plutôt appris l’arrivée de César et de ses légions, qu’il se rendit auprès de lui, et l’assura que lui et son parti demeureraient dans leur devoir, et ne se détacheraient point de l’alliance des Romains ; en même temps il l’instruisit de ce qui se passait dans sa nation. Au contraire, Induciomare leva des troupes et, ayant renfermé dans les Ardennes, grande forêt qui s’étend depuis le Rhin jusqu’aux frontières des Rhémois, tous ceux que l’âge mettait hors d’état de porter les armes, il se prépare à faire la guerre ; mais voyant ensuite que quelques-uns des principaux du pays, entrâmes par leurs liaisons avec Cingétorix, ou ébranlés par l’arri-