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guerre des Gaules. — liv. iii.

rent, le reste de l’hiver, des provisions qu’ils y trouvèrent.

5. César averti de leur passage et craignant la légèreté des Gaulois qui sont faciles à changer d’avis et aiment la nouveauté, ne crut pas devoir se fier à eux ; car ils sont si avides de nouvelles, qu’ils ont coutume d’arrêter les voyageurs, même malgré eux, pour s’informer de ce qu’ils savent dans

6. César, qui leur connaissait ce faible, jaloux de prévenir un plus grand mal, se rendit à l’armée plus tôt que de coutume ; et, à son arrivée, il trouva qu’en effet ce qu’il avait soupçonné avait eu lieu. Déjà plusieurs peuples de la Gaule venaient de députer vers les Allemands pour les inviter à quitter les bords du Rhin, les assurant qu’on leur accorderait tout ce qu’ils pour- raient demander. Dans cette espérance, l’ennemi s’étendait déjà, et faisait des courses dans les pays de Tongres et de Condroz, qui dépendent de celui de Trèves. D’après ces circonstances, César fit assembler les principaux de la Gaule, et, sans leur rien témoigner de ce qu’il avait appris, après les avoir caressés et encouragés, il leur ordonna de lui fournir de la cavalerie, et résolut de faire la guerre aux Allemands.

7. Après avoir donc fourni aux vivres, et fait choix de sa cavalerie, il marcha aux ennemis. Il n’en était déjà plus qu’à quelques journées lorsqu’ils lui envoyèrent des députés pour lui dire qu’ils ne feraient pas les premiers la guerre aux Romains ; mais que si on les attaquait, ils ne balanceraient point à prendre les armes ; que leurs ancêtres leur avaient appris à recourir au glaive, et non aux prières contre ceux qui leur faisaient la guerre ; que cependant ils croyaient devoir lui représenter qu’ils n’avaient quitté leur pays que malgré eux, et parce qu’on les en avait chassés ; que si les Romains chands, les oblige à raconter d’où ils viennent, et ce qu’ils ont appris de nouveau dans ces quartiers-là. C’est sur ces bruits et sur ces rapports qu’ils décident souvent des affaires les plus importantes. Aussi ne tardent-ils pas à se repentir de s’être livrés à des bruits incertains, la plupart inventés pour flatter leur goût, voulaient les recevoir comme amis, ils ne leur seraient peut-être pas inutiles ; qu’ils n’avaient donc qu’à leur donner des terres ou les laisser jouir de leurs conquêtes ; du reste, qu’ils ne le cédaient qu’aux Suèves, que les dieux immortels eux-mêmes ne pouvaient égaler, et qu’après eux, il n’y avait aucun autre peuple au monde dont ils ne pussent triompher.

8. César leur répondit ce qu’il jugea convenable ; mais sa conclusion fut, qu’il ne pouvait leur accorder son amitié tant qu’ils resteraient dans la Gaule ; qu’il n’était pas juste que ceux qui n’avaient pu défendre leurs terres s’emparassent de celles d’autrui ; qu’il n’y en avait point de vacantes dans la Gaule que l’on pût donner sans injustice, surtout à une si grande multitude ; que cependant ils pouvaient, s’ils voulaient, aller s’établir sur les frontières de ceux de Cologne, dont les députés, actuellement auprès de lui, se plaignaient des Suèves et lui demandaient du secours contre ce peuple ; et qu’il leur obtiendrait cette faveur de ceux de Cologne.

9. Les députés lui répliquèrent qu’ils rendraient compte aux leurs de ses in- tentions, et que dans trois jours ils lui rendraient réponse ; qu’en attendant, ils le priaient de ne pas s’approcher davantage de leur camp. César leur répondit qu’il ne pouvait leur accorder