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végèce, liv. iv.

cordes pour leur jeu. On peut y suppléer cependant par des crins tirés de la queue ou du col des chevaux, et même par des cheveux de femmes ; car ils ont la même force. Rome nous en fournit un exemple honorable au beau sexe. Pendant le siège du Capitole, les cordes ayant manqué aux machines par la grande quantité qu’on en avait employé, les dames romaines se coupèrent les cheveux et les portèrent à leurs maris ; ceux-ci en étant servis pour remonter les machines, repoussèrent les Gaulois. Femmes estimables d’avoir sacrifié un ornement qui leur était cher, à la conservation de la patrie, aimant mieux vivre avec leurs maris, privées de cet ornement, que de le conserver aux risques de vivre avec leurs ennemis !

Il est encore bon de ramasser beaucoup de cornes et de cuirs les plus durs, pour en couvrir les machines et généralement toutes les armes défensives.


CHAPITRE X.

Des préservatifs contre la disette d’eau dans une place assiégée.

Il est très-avantageux pour une ville assiégée d’avoir dans son enceinte des sources intarissables ; s’il ne s’y en trouve point, il faut y creuser des puits.

A l’égard des forts ou châteaux situés sur des rochers ou sur des montagnes arides, si vous pouvez découvrir près des murs quelque petite source, élevez de ce côté une tour ou quelque autre ouvrage, d’où, protégeant à coups de traits la sortie des assiégés, vous leur rendiez l’accès de l’eau facile. S’il ne se trouve de source qu’au-dessous de la place, hors la portée du trait, construisez entre la place et la source une redoute ou un petit fort, et placez-y des balistes et des archers qui défendent la source contre les assiégeans. Il faut outre cela ménager dans les bâtimens publics, et même dans quelques maisons de particuliers, des citernes propres à recevoir les eaux de pluie. En prenant ces précautions, des assiégés seront rarement contraints de se rendre par la disette d’eau, quelque peu qu’ils en aient, surtout s’ils n’en usent que pour la boisson ordinaire.


CHAPITRE XI.

De ce qu’il faut faire si le sel manque aux assiégés.

Si la place assiégée est maritime et que le sel y manque, ayez soin de conserver de l’eau de la mer dans de grands vases ou dans des bassins creusés exprès sur le rivage ; l’ardeur du soleil réduira cette eau en sel. Si l’on vous attaque par mer, ce qui arrive souvent, recueillez avec soin ce sable léger que la mer agitée répand dans l’air, et que le vent vous portera quelquefois jusque dans la ville. Quoique vous ne laviez ce sable qu’avec de l’eau douce, comme vous le trouverez chargé de vapeurs salines, vous ne laisserez pas d’en tirer un peu de sel en l’exposant au soleil.


CHAPITRE XII.

De l’escalade.

Dans l’attaque d’une place à force ouverte, le danger est réciproque, mais plus grand pour l’assiégeant. Il est vrai que l’appareil de l’escalade, le son des trompettes, les cris des soldats, sont