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LIVRE QUATRIÈME.
CHAPITRE PREMIER.
Des places fortes.

Une place forte l’est, ou par sa nature, ou par l’art, ou par l’union de l’art et de la nature. Elle est forte de sa nature, lorsque, par exemple, elle se trouve située sur un terrain escarpé ou très-élevé, qu’elle est entourée d’un marais, d’une rivière, de la mer. Elle est forte par l’art, lorsqu’on l’a enceinte de murs et de fossés. Il y a de la prudence à la bâtir dans une assiette naturellement fortifiée, il y a de l’habileté à la bien fortifier ; nous en voyons encore de très-anciennes qu’on a su rendre imprenables, quoique situées en rase campagne, et par conséquent ouvertes aux attaques de l’ennemi.


CHAPITRE II.
Manière de tracer les murs.

En traçant les murs des villes, nos anciens n’en tiraient pas les faces en droite ligne, ils y ménageaient, de distance en distance, des angles saillans et rentrans, ce qui donnait moins de prise au bélier. On élevait outre cela, sur ces angles, des tours qui se flanquaient réciproquement, de sorte que l’assiégeant qui osait s’approcher des murs avec des échelles, ou d’autres machines, se trouvait attaqué en front, en flanc, et presque en queue ; en un mot, embrassé comme dans une espèce de golfe.


CHAPITRE III.
Manière d’affermir les murs.

Voici comment on prévient la destruction des murs. A vingt pieds en deçà du mur d’enceinte, on élève deux murailles parallèles ; on remplit le vide qu’on laisse entre elles, avec la terre qu’on a tirée du fossé, et on la foule sur elle-même avec des espèces de leviers ; on donne à la muraille la plus voisine du mur d’enceinte, un peu moins de hauteur que n’en a ce mur, et beaucoup moins à celle qui est en déçà. Ainsi, du terre-plein de la place on peut, par une pente douce, monter aux défenses du