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végèce, liv. iii.

ble, attaquez avec votre droite la gauche de l’ennemi ; c’est le second ordre.

Si vous vous sentez très-fort à votre gauche, faites-la tomber sur la droite ennemie ; c’est le troisième ordre.

Si vos ailes sont également fortes, ébranlez les deux en même temps ; c’est le quatrième ordre.

Si vous avez une bonne infanterie légère, ajoutez à la disposition précédente la précaution d’en couvrir le front de votre centre ; c’est le cinquième ordre.

Si, ne comptant ni sur le nombre ni sur la valeur de vos troupes, vous vous trouvez dans la nécessité de combattre, chargez par votre droite en refusant à l’ennemi toutes les autres parties de votre armée ; cette évolution, qui décrit la figure d’une broche, fait le sixième ordre.

Ou bien, couvrez l’une de vos ailes d’une montagne, d’une rivière, de la mer, ou de quelque autre retranchement, afin de pouvoir transporter plus de forces à votre aile découverte ; c’est le septième ordre.

Selon que vous serez fort en infanterie ou en cavalerie, ménagez-vous un champ de bataille favorable à l’une ou à l’autre de ces armes, et que le plus grand choc parte de celle des deux sur laquelle vous compterez le plus.

Si vous soupçonnez qu’il y ait des espions qui rôdent dans votre camp, ordonnez que tous vos soldats se retirent sous leurs tentes pendant le jour, les espions seront bientôt découverts.

Dès que vous saurez l’ennemi informé de vos projets, changez vos dispositions.

Délibérez avec un petit nombre de gens de confiance ce qu’il serait encore mieux qu’on décidât seul. Délibérez en plein conseil ce qu’il serait à propos de faire.

Il faut, en garnison, contenir le soldat par la crainte et par les punitions ; en campagne, l’exciter par l’espoir du butin et des récompenses.

Les grands généraux ne livrent jamais bataille s’ils n’y sont engagés par une occasion favorable ou par la nécessité.

Il y a plus de science à réduire l’ennemi par la faim que par le fer.

Il y aurait plusieurs préceptes à donner sur la cavalerie ; mais comme ce corps se distingue aujourd’hui par le choix des armes, par l’exercice des cavaliers et par la bonté des chevaux, il vaut mieux, ce me semble, tirer ces préceptes de l’usage présent que des livres.

Une règle générale, qui s’étend à toutes sortes de troupes, c’est de cacher à l’ennemi de quelle façon on prétend l’attaquer, de crainte que ses précautions ne trompent vos meilleures mesures.


CONCLUSION DU LIVRE III.

Je viens de donner l’extrait des principes militaires que nos meilleurs auteurs ont transmis à la postérité, après les avoir établis sur l’expérience de tous les temps. Puisse-t-il mériter vos suffrages, grand prince ! vous qui réunissez les talens de toutes les nations belliqueuses vous dont les Perses admirent l’adresse à tirer de l’arc, vous dont les Huns et les Alains voudraient pouvoir imiter la grâce et l’habileté à manier un cheval, vous dont l’agilité à la course surpasse celle du Sarrasin et de l’Indien, vous enfin dont les officiers préposés sur tout ce qui concerne le maniement des armes, ambitionneraient une petite partie des connaissances profondes que vous y avez. Après avoir