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gauche se trouvait plus forte que votre droite, fortifiez-la encore par des fantassins et des cavaliers d’élite ; et, après avoir éloigné votre droite hors de l’épée, et même des traits de l’ennemi, tombez tout-à-coup, par votre gauche, sur la droite, et tâchez de l’envelopper mais prenez garde que, pendant ces mouvemens, votre centre, nécessairement découvert, ne soit pris en flanc et enfoncé par ces coins dont nous avons parlé. Au reste, cette dernière dispositionne vous réussira qu’autant que votre gauche sera très-forte, et la droite ennemie très-faible.

Voici le quatrième ordre : dès que vous serez arrivé en bataille à quatre ou cinq cents pas de l’ennemi, que vos ailes se détachent, et fondent vivement sur les siennes. Vous pouvez l’effrayer par ce mouvement rapide auquel il ne s’attend pas, le mettre en fuite, remporter une pleine victoire, surtout si vos ailes sont vigoureuses ; mais si l’ennemi en soutient le premier choc, il aura beau jeu de battre vos ailes séparées du combat du centre, même à découvert sur ses flancs.

Vous pourvoirez à cet inconvénient par le cinquième ordre, en faisant passer, à la tête de voire centre, de l’infanterie légère et des archers capables de soutenir le choc auquel vous devez vous attendre ; alors ce combat se décidera entre vos ailes. Si vous enfoncez celles de l’ennemi, vous avez vaincu si elles résistent, au moins ne craignez-vous rien pour votre centre.

Le sixième, qui est à peu près le même que le second, passe pour le meilleur de tous. Aussi les grands généraux y ont-ils recours, lorsqu’ils ne comptent ni sur le nombre, ni sur la valeur de leurs troupes ; et c’est à lui que plusieurs ont dû la victoire, malgré ce double désavantage. Voici en quoi il consiste dès que vous serez à portée de l’ennemi, que votre droite, composée de tout ce que vous avez de meilleures troupes, attaque sa gauche ; rangez le reste de votre armée en ligne droite, en forme de broche, par une évolution qui l’éloigne considérablement de la droite ennemie. Si vous pouvez prendre sa gauche en flanc et en queue, il sera battu sans ressources. Il ne peut, en effet, marcher au secours de sa gauche, ni par sa droite, ni par son centre ; parce qu’au moindre mouvement, il trouverait en front le reste de votre armée, qui se présente à lui en forme d’un I. Cette façon de combattre est d’un grand usage en marche.

Le septième ordre consiste à s’aider d’une position capable de vous soutenir contre des troupes plus nombreuses et plus braves. Si vous pouvez, par exemple, vous ménager le voisinage de la mer, d’une montagne, d’une rivière, d’un lac, d’une ville, d’un marais, d’un bois qui soit à l’abri, appuyez-y l’une de vos ailes ; rangez votre armée sur cet alignement, en portant à votre autre aile, qui est découverte, la plus grande partie de vos forces et surtout votre meilleure cavalerie. Ainsi, fortifié d’un côté par la nature du terrain, de l’autre, par la supériorité du nombre, vous combattrez sans presque courir de risques.

Une règle générale pour tous ces ordres de bataille, c’est de porter toujours tout ce que vous avez de meilleures troupes à l’endroit d’où vous projetez de faire le plus grand effort ; soit à quelqu’une de vos ailes, en y faisant avancer des soldats d’élite, soit au centre, en y formant de ces coins si propres à percer le centre ennemi car c’est ordinairement un petit nombre de braves gens qui décident de la victoire. U est important qu’un gé-