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guerre des Gaules. — liv. ii.

il augmenterait le crédit des Autunois chez les Belges, du secours desquels ils avaient coutume de se servir dans le besoin.

15. César promit de les conserver, en considération de Divitiacus et des Autunais ; mais comme c’était un grand état, puissant en hommes et en autorité chez les Belges, il en exigea six cents otages. Quand ils lui eurent été livrés avec toutes les armes de la ville, il marcha contre ceux d’Amiens, qui se rendirent sur-le-champ. Ceux du Hainaut étaient leurs voisins ; et César s’étant informé du naturel et des mœurs de ce peuple, voici ce qu’il en apprit : que les marchands n’avaient point d’accès chez eux ; qu’ils n’y laissaient entrer ni vin, ni autre chose capable de nourrir la sensualité, parce qu’ils étaient persuadés que ces derniers amollissent le courage et abâtardissent la vertu ; que c’étaient des hommes fiers et belliqueux ; qu’ils blâmaient les autres Belges et leur faisaient des reproches de s’être soumis aux Romains ; qu’ils étaient résolus de ne point députer vers César, et de n’accepter aucune condition de paix.

16. Après trois jours de marche à travers leur pays, César apprit des prisonniers que la Sambre n’était qu’à dix milles de leur camp ; que tous ceux du Hainaut étaient au-delà de ce fleuve, et qu’ils y attendaient les Romains avec ceux d’Arras et du Vermandois, leurs voisins ; car ils avaient persuadé à ces deux peuples d’éprouver avec eux le sort de la guerre ; qu’on attendait aussi ceux de Namur, et qu’ils étaient en chemin ; que pour leurs femmes et ceux que leur âge rendait inutiles au combat, ils les avaient mis dans une place que des marais rendaient inaccessible à une armée.

17. Sur ces avis il détache quelques officiers avec des coureurs pour aller choisir un lieu propre à camper. Il y avait, parmi ses troupes, de ces Belges et de ces Gaulois qu’il avait nouvellement soumis : quelques-uns d’entre eux, comme on l’apprit depuis par des prisonniers, ayant remarqué l’ordre dans lequel nos troupes marchaient chaque jour, se rendirent de nuit au camp des ennemis, et les avertirent d’attaquer la première légion à son arrivée, parce qu’elles s’avançaient l’une après l’autre, séparées par quantité de bagages, les assurant que celle-là battue, et les bagages pillés, les autres n’oseraient tenir ferme. Le conseil fut trouvé d’autant meilleur que, de tout temps, la force des peuples du Hainaut n’était pas en cavalerie, mais en infanterie, parce que leur pays entier, pour empêcher les incursions de la cavalerie de leurs voisins, est coupé de haies, de ronces et d’arbres entrelacés, qui forment comme un mur, et qui empêchent, non-seulement de passer, mais même de se voir. Comme ce terrain arrêtait les évolutions de nos cavaliers, les ennemis crurent devoir profiter de l’avis.

18. Le lieu où les nôtres campèrent était une montagne qui descendait en pente douce vers la Sambre : en face de celle-ci, et environ à deux cents pas au-delà de cette rivière, il y avait une autre montagne d’une pente toute semblable, mais plus basse que la première : découverte presque jusqu’au haut, elle était ombragée, au sommet, d’arbres épais, au travers desquels on ne pouvait pas aisément voir. C’était là que les ennemis étaient cachés : il paraissait seulement quelques gardes de cavalerie dans un endroit découvert, le long de la rivière, profonde, en ce lieu, d’environ trois pieds.

19. César s’était fait précéder par sa cavalerie et suivait avec toutes ses trou-

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