Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée
ÉPITRE DÉDICATOIRE A L’EMPEREUR VALENTINIEN.

Vos victoires continuelles, grand prince, prouvent combien vous possédez, combien vous goûtez nos anciennes maximes militaires ; car pratiquer un art, c’est certainement l’approuver mais rechercher dans l’antiquité des modèles que vous avez déjà surpassés, c’est penser avec plus de profondeur et de modestie que la nature humaine ne te permet ordinairement. Aussi me sentis-je combattu par des mouvemens opposes de zèle et de crainte, à la vue d’un travail moins fait pour vous apprendre les actions des grands capitaines de l’antiquité, que pour vous y rappeler les vôtres mêmes.

Quelle audace, en effet, de parler sur l’art militaire au maître du monde, au vainqueur des nations barbares, si ce n’était pour lui rappeler les mêmes exploits qui lui ont mérité ces titres !

C’est ce qui m’inspire la témérité d’exécuter vos ordres, afin d’en éviter une plus grande, qui serait de ne les pas exécuter ; car c’est un crime, que dis-je ? un sacrilège, que de désobéir à son prince, image vivante de la Divinité. Au reste, l’approbation indulgente dont vous honorâtes mon traité sur le choix et sur l’exercice des nouveaux soldats, que je ne vous dédiai qu’en tremblant anime aujourd’hui ma confiance ; comment craindrais-je de continuer sous vos ordres un ouvrage dont vous avez agréé les commencemens, quoique vous ne les eussiez pas ordonnés ?