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lui prit quelques vaisseaux et brûla le reste.

38. Pompée prit la fuite, suivi d’un petit nombre des siens, et se rendit d’abord maître d’un poste fortifié par sa situation ; mais averties par les coureurs, notre cavalerie et nos cohortes envoyées à sa poursuite marchèrent nuit et jour pour le joindre. Il était grièvement blessé à l’épaule et à la jambe gauche : il s’était de plus donné une entorse, qui le retardait encore ; de sorte qu’en quittant la tour où il s’était réfugie, il fut réduit à se faire diporter en litière. Un Portugais qui marchait devant, selon l’usage militaire, l’ayant fait reconnaître, elle est de suite environnée de nos cohortes et de notre cavalerie. Se voyant découvert par la faute des siens, Pompée regagne au plus vite le poste avantageux qu’il avait occupé d’abord : mais bien qu’il fût d’un difficile accès, et que, vu l’avantage du terrain, on pût aisément le défendre contre des troupes plus nombreuses, les nôtres ne balancèrent point à l’attaquer. Repoussées d’abord à coups de traits, elles battirent en retraite ; ce qui, en redoublant l’ardeur de l’ennemi dans sa poursuite, rendait les approches du fort plus difficiles. L’obstacle se renouvelant, malgré la continuité de leurs manœuvres les nôtres reconnurent qu’ils ne pouvaient forcer les vaincus qu’en s’exposant aux plus grands périls ; ils se déterminèrent donc à les assiéger en forme. Cette résolution prise, ils élèvent en très-peu de temps et avec une grande activité sur la pente de la colline une terrasse d’une hauteur capable de les mettre à même d’en venir aux mains avec les ennemis ; ceux-ci s’en étant aperçus cherchent aussitôt leur salut dans la fuite.

39. Comme on l’a vu blessé dangereusement, et de plus ayant le pied foulé. Pompée n’était pas en état de fuir bien vite. La nature du terrain ne lui permettait de se servir ni du cheval ni de la litière pour se sauver : et nos troupes massacraient de toutes parts les siens débusqués de leur fort, et dépourvus de secours. Alors se réfugiant dans le vallon, il se cacha au fond d’une espèce de caverne creusée dans le roc, où nous n’aurions pu aisément le découvrir, si quelques prisonniers n’eussent décelé sa retraité. Il y fut tué. Le 12 avril, César étant à Cadix, sa tête fut portée dans Séville, et exposée aux regards du peuple.

40. Après la mort du jeune Cn. Pompée, le même Didius dont on vient de faire mention, transporté d’un si heureux succès, fit meure à sec quelques-uns de ses vaisseaux pour les réparer ; et se retira dans un château voisin. Cependant les Portugais échappés de la déroute se radièrent en assez grand nombre, et revinrent l’assaillir. Quoiqu’il fût très-attentif à garder ses vaisseaux, il se trouvait aussi quelquefois obligé de faire des sorties pour réprimer leurs courses fréquentes. Ces escarmouches, qui se répétaient tous les jours, leur donnèrent lieu de lui dresser une embuscade ; et en conséquence ils se partagèrent en trois corps. Les uns étaient destinés à incendier la flotte, et devaient rejoindre le gros des troupes après cette expédition ; les autres s’étaient postés de manière que, sans pouvoir être aperçus, ils se tenaient prêts à charger l’ennemi. Ainsi Didius étant sorti de sa citadelle avec des forces pour les repousser, à un certain signal, un des corps portugais vint mettre le feu aux navires, tandis que les autres, s’élançant de leur embuscade en poussant de grands cris, se jetèrent sur l’arrière-garde des troupes sorties du château afin de poursui-