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gent ces incendiaires, les taillent en pièces, et leur tuent vingt-deux mille hommes, sans compter ceux qui furent massacrés hors des remparts. Ainsi César demeura maître de la place. oc Pendant le séjour qu’il y fit, ceux qui, après la déroute, s’étaient réfugiés dans Munda, comme on l’a vu, et que nous y avions enfermés, firent une sortie, où furent tués plusieurs d’entre eus ; on repoussa le reste dans la ville.

35. De là César marche sur Séville, fat qui de suite lui envoie dès députés pour le fléchir. Il leur promit de conserver la ville ; et dans cette intention y fit entrer Caninius, son lieutenant, avec des troupes : pour lui il campa hors de ses murs. Il y avait dans la place une forte garnison des troupes de Pompée, qui, pleines d’indignation que l’on y eût introduit celles de César, dépêchèrent à leur insu et fort secrètement un certain Philon, ardent partisan de me Pompée, et très-connu en Portugal, vers Cécilius Niger, surnommé le Barbare, qui campait à Lénium avec une troupe nombreuse de Portugais. De retour, Philon fut reçu dans la ville pendant la nuit ; il y entra par escalade, égorgea les sentinelles et la garnison de César, fit fermer les portes, et commença de nouveau à se mettre en défense.

36. Sur ces entrefaites, des députés et de Tariffe vinrent apprendre à César qu’ils étaient maîtres de la personne de Pompée, espérant par ce service réparer la faute qu’ils avaient faite auparavant de lui fermer leurs portes. Cependant les Portugais entrés dans Séville continuaient à s’y défendre ; et César craignant que s’il faisait donner un assaut à la place, de tels scélérats n’y missent le feu et n’en détruisissent les murailles, résolut de les laisser sortir pendant la nuit ; ce qu’ils l’avait crurent pouvoir exécuter à son insu. En sortant, ils brûlent les vaisseaux qui étaient sur le Guadalquivir, et si prennent la fuite tandis que nous étions occupes à éteindre l’incendie ; mais nos cavaliers les atteignent et les taillent s en pièces. Ensuite César, ayant repris Séville, marcha sur Xérez, qui lui envoya des députés pour se soumettre. Dans le même temps, ceux qui après la bataille s’étaient retirés à Munda, fatigués de la longueur du siège, se rendirent pour la plupart ; et l’on en forma une légion. Ensuite ils complotèrent, entre eux et les assiégés, de tomber la nuit, à un certain signal, sur nos soldats qui étaient dans le camp, tandis que ceux de la ville feraient une sortie. Leur trahison découverte, la nuit suivante vers minuit, au mot dont on était convenu, ils furent tous conduits hors des retranchemens, et passés au fil de l’épée.

37. Pendant que César était occupé à soumettre sur son passage le reste des villes de la province, il s’éleva dans Tariffe une émeute au sujet de Pompée entre ceux qui avaient député vers nous et les personnes du parti contraire. Au milieu du feu de la sédition, les derniers se saisissent des portes, et font un grand carnage des autres. Blessé lui-même, Pompée gagne ses vaisseaux et s’enfuit avec trente galères. Instruit de sa fuite, Didius, qui commandait notre flotte devant Cadix, se mit aussitôt à le poursuivre : en même temps il répandit des cavaliers et des fantassins sur le rivage, pour qu’il ne pût lui échapper. Dans son départ précipité de Tariffe, Pompée n’avait pas eu le temps de se pourvoir d’eau aussi fut-il contraint, après quatre jours de navigation, de relâcher sur la côte pour s’en procurer ; et Didius qui le suivait, l’ayant atteint dans ces circonstances,