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hirtius.


la garde de leurs forts. Le même jour Pompée décampa et vint se poster près de Séville, dans un bois d’oliviers ; et avant que César eût pris la même route, la lune se montra vers midi. De là, Pompée ayant marché vers Lucubi donna ordre à ses troupes, en quittant cette place, d’y mettre le feu, et de se retirer ensuite dans leur grand camp. César ayant ensuite attaqué la ville de Ventispont, et l’ayant forcée de se rendre, marcha vers Carruca, et prit ses positions en face de Pompée. Ce dernier brûla cette ville, parce qu’elle avait refusé de lui ouvrir ses portes. En même temps, un soldat qui avait égorgé son frère dans le camp fut découvert par les nôtres qui le tuèrent à coups de bâton. De là, César continuant sa route arrive dans la plaine de Munda, et campe vis-à-vis de Pompée.

28. Le jour suivant, comme il se disposait à partir avec ses troupes, ses coureurs vinrent lui dire que Pompée était en bataille depuis minuit. À cette nouvelle, il donne le signal du combat. Pompée ne s’était hasardé à faire cette démarche que parce que, peu de temps auparavant, il avait mandé, à ceux d’Ossone qui étaient dans ses intérêts, que César refusait la bataille, vu la faiblesse des nouvelles levées qui formaient ses troupes. Ces lettres redoublaient en faveur de sa cause les bonnes dispositions des habitans. Ainsi, dans l’opinion avantageuse qu’il avait d’eux, il se croyait en état de tout entreprendre, car il se trouvait défendu et par la nature du lieu où était son camp, et par les fortifications de la place. En effet, nous l’avons dit, toute cette contrée est fort montueuse, et par là même excellente pour la défense. Aucune plaine ne sépare les hauteurs.

29. Je ne crois pas devoir passer sous silence ce qui eut lieu en cette occasion. Entre les deux camps, se trouvait, une plaine d’environ cinq milles d’étendue, située de manière que le camp de l’ennemi était également protégé par la nature du terrain, et par la position élevée de la ville. Du pied de ce camp, la plaine commençait à s’étendre, et était d’abord traversée par un ruisseau qui rendait l’approche du camp fort difficile, parce que, sur la droite, il formait un marais plein de gouffres. Voyant l’armée ennemie rangée en bataille, César ne douta point qu’elle ne s’avançât jusqu’au milieu de la plaine pour en venir aux mains. Les deux partis étaient en présence : la plaine offrait un terrain très-propre aux évolutions de cavalerie ; et le jour était si beau et si serein, qu’il semblait que les dieux immortels l’eussent préparé d’avance pour éclairer une bataille. Les nôtres s’en applaudissaient ; plusieurs néanmoins éprouvaient quelque inquiétude, quand ils faisaient réflexion qu’ils en étaient enfin venus au point que, dans une heure, le hasard allait décider de leurs biens et de leur vie. Nos troupes marchèrent donc au combat, persuadées que l’ennemi suivrait leur exemple. Mais il n’osa jamais s’éloigner de plus d’un mille de la ville et de ses murailles, à l’abri desquelles il avait résolu de combattre. Nous continuâmes donc d’aller en avant ; et bien que l’avantage du terrain invitât quelquefois nos adversaires à en profiter pour marcher à la victoire, cependant ils persistèrent constamment dans leur dessein de ne point abandonner leurs hauteurs, et de ne point s’éloigner des murs de la place. Nos soldats s’étant approchés lentement des bords du ruisseau, les ennemis ne cessèrent de défendre ce poste défavorable.

30. Leur armée se composait de