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en plaine dans un terrain uni ; mais nul ennemi n’osa s’avancer, excepté un certain Antistius Turpion, qui, comptant sur ses forces, s’imagina qu’aucun de nous ne pourrait lui résister. Là, comme disent les poëtes on vit se renouveler la lutte d’Achille et de Memnon car Q. Pompéius Niger, chevalier romain d’Alcala sortit de nos rangs pour le combattre. L’air martial et imposant d’Antistius avait attiré les regards de toutes les troupes qui abandonnèrent de suite les travaux pour être spectatrices de ce combat. La victoire semblait douteuse entre deux guerriers si redoutables ; et l’on eût dit que la décision de la guerre dépendait du triomphe de l’un ou de l’autre. Ainsi les deux partis désirant avec la même ardeur voir leur champion remporter les honneurs du combat les uns et les autres attendaient l’événement dans une égale impatience. Ils en vinrent donc aux mains avec le plus grand courage, couverts d’une armure également brillante et d’un travail admirable et certes leur combat aurait été bientôt terminé, si, comme nous l’avons dit, l’infanterie légère de Pompée ne s’était postée assez proche de notre camp, afin de pouvoir soutenir sa cavalerie…

(Il manque ici quelque chose au texte.)

Cependant la nôtre, se retirant et reprenant le chemin du camp, fut vivement poursuivie ; mais nos soldats, se réunissant, chargent leurs adversaires avec de grands cris, les mettent en fuite, et les forcent de regagner leur camp après une perte considérable.

26. César, en récompense de la valeur qu’il avait déployée en cette occasion, donna treize mille sesterces au corps de cavalerie de Cassius, dix mille à l’infanterie légère, et à Cassius cinq colliers d’or. Ce même Jour, A. Bébius, C. Flavius et A. Trébellius, chevaliers romains de la ville de Xérez, vinrent se rendre à notre général avec un équipage très-magnifique. On apprit d’eux que tous les chevaliers romains qui servaient sous Pompée avaient conçu le projet de passer aussi dans son camp ; mais que, sur la dénonciation d’un esclave on s’était assuré de leurs personnes, et qu’eux-mêmes ayant trouvé une occasion favorable, ils en avaient profité pour s’enfuir. Le même jour, on intercepta des lettres qu’écrivait Pompée à Osone ; voici leur contenu : « Si vous vous portez bien, j’en suis charmé ; quant à moi, je suis aussi en bonne santé. Quoique nous ayons eu jusqu’à présent le bonheur de repousser l’ennemi, cependant je terminerais la guerre plus tôt encore que vous ne pensez, s’il voulait en venir aux mains en plaine ; mais il n’ose exposer aux risques d’une bataille des troupes composées de nouveaux soldats ; et à la faveur de nos forts il prolonge la campagne. Il tient toutes les villes assiégées, et c’est de là qu’il tire des vivres. J’apporte donc tous mes soins à conserver celles de notre parti ; et au premier jour je mettrai fin à la guerre. J’ai dessein de vous envoyer quelques cohortes. Il est certain qu’en ôtant à l’ennemi la ressource de nos vivres, nous le forcerons malgré lui d’en venir à un combat.

27. Dans la suite, les nôtres étant occupés aux travaux sans garder beaucoup d’ordre, les ennemis nous tuèrent quelques cavaliers dans un plant d’oliviers où ils faisaient du bois. Plusieurs esclaves transfuges rapportèrent que, depuis l’action qui avait eu lieu proche de Soricia, le 5 mars, les ennemis étaient dans une crainte continuelle et qu’Attius Varus veinait sans cesse à