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hirtius.


fanterie légère, où il ne gagnait que seize as par jour.

23. Dans la suite César rapprocha plus encore son camp de celui des ennemis, et fit tirer une ligne jusqu’à la rivière de Guadajos. Nos troupes étaient occupées à cet ouvrage, lorsque les ennemis vinrent les attaquer des hauteurs ; et comme les nôtres ne voulaient point quitter leurs travaux ils les accablèrent de traits du poste élevé qu’ils occupaient, et en blessèrent plusieurs. Là, suivant l’expression d’Ennius, nous fûmes contraints de plier ; et comme nous nous aperçûmes que contre notre usage nous n’étions pas en état de tenir tête, deux centurions de la cinquième légion, ayant traversé le fleuve, rétablirent le combat par leur courage malgré la supériorité des ennemis. Un des deux succomba sous une grêle de traits qu’on leur lançait des hauteurs ; l’autre s’étant mis en devoir de résister seul, et se voyant investi de toutes parts, voulut battre en retraite, mais il fit un faux pas et tomba. Au moment de sa chute les ennemis accourent en foule autour de lui de leur côté nos cavaliers passent la rivière et poussent nos adversaires jusque dans leurs retranchemens ; mais les ayant poursuivis trop loin et avec une trop grande ardeur, ils furent enveloppés par la cavalerie et l’infanterie légère ; de sorte que s’ils n’eussent fait des prodiges de valeur, ils étaient tous pris car les fortifications les resserraient si étroitement, que faute de terrain, à peine pouvaient-ils exécuter leurs manœuvres. Nous eûmes, plusieurs soldats blessés dans ces deux actions, entre autres, Clodius Aquitius : mais nous n’y perdîmes que les deux centurions dont on a parlé, et que l’amour de la gloire emporta trop avant.

24. Le lendemain, les deux armées se rencontrèrent près de Soricaria. Nos troupes commencèrent à se retrancher. Pompée se voyant interdire la communication avec le fort d’Espéjo, éloigné de cinq milles de Lucubi, fut contraint d’en venir à une bataille ; mais loin de se laisser attaquer en plaine, de ta petite éminence où il était campé, il voulut se saisir d’un poste plus élevé, ce qui l’obligeait nécessairement de passer par un endroit désavantageux. Ce dessein ayant fait prendre aux deux chefs la route de cette hauteur pour s’en rendre maîtres, les ennemis furent prévenus par les nôtres qui les chassèrent de la plaine, ce qui nous donna un grand avantage : car ceux de Pompée fuyant, de toutes parts, nous en fîmes un carnage affreux. Ce fut la montagne et non la valeur qui les sauva ; et malgré leur position favorable, si la nuit ne fût survenue, nos gens, bien que très-inférieurs en nombre, les eussent entièrement défaits. Les nôtres tuèrent trois cent vingt-quatre soldats de leur infanterie légère, et cent trente-huit légionnaires, sans compter ceux dont ils recueillirent les armes et les dépouilles. Ainsi fut vengée avec usure aux dépens de l’ennemi la mort de nos deux centurions qui avait eu lieu le jour précédent.

25. Le lendemain, les troupes de Pompée s’étant rendues, suivant leur coutume, dans le même endroit, furent fidèles à leur premier plan : car, à l’exception de leur cavalerie, personne n’osait paraître en plaine. Tandis que les nôtres s’occupaient des travaux du camp, les cavaliers ennemis commencèrent à escarmoucher ; et leurs légions, poussant à la fois de grands cris, nous défiaient au combat, de sorte qu’on les croyait disposées à engager l’action. Les soldats de César sortirent donc d’un grand vallon assez bas, et s’arrêtèrent