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guerre d’espagne.


étant retranché, il fit bâtir des forts aux : environs. César l’y suit, et vient prendre ses positions en face de son adversaire. Vers la même époque, un soldat d’une des deux légions indigènes, étant venu un matin nous trouver comme transfuge, nous annonça que le générât ennemi, après avoir assemblé les habitans de Lucubi, leur avait enjoint de faire une recherche exacte de ses partisans et des noues. Quelque temps après la soumission de la ville, on prit dans un souterrain l’esclave qui, nous l’avons dit plus haut, avait égorgé son maître ; et il fut brûlé vif. À la même époque, huit des principaux centurions armés de cuirasses, et faisant partie d’une des deux légions levées sur les lieux, vinrent se rendre à César : il s’engagea aussi une action entre nos cavaliers et ceux de nos adversaires ; nous y eûmes quelques gens de trait tués et blessés. La nuit suivante, nous prîmes quatre espions, dont trois esclaves, et l’autre était soldat d’une des deux légions du pays. Les premiers furent mis en croix ; le soldat eut la tête tranchée.

21. Le jour suivant, plusieurs cavaliers et différentes troupes d’infanterie légère se rendirent du camp ennemi dans le nôtre. Dans le même temps onze cavaliers environ du parti de Pompée tombèrent sur ceux des nôtres qui allaient à l’eau, en tuèrent et firent prisonniers quelques-uns ; mais huit de ces mêmes cavaliers furent pris. Le lendemain. Pompée fit trancher la tête à soixante-quatorze personnes, qui passaient pour favoriser César ; et il ramena les autres dans la ville mais cent vingt s’échappèrent, et vinrent se rendre à nous.

22. Quelque temps après ceux d’Ossone, pris dans Tébala-Véja, furent députés avec quelques-uns des nôtres pour instruire les Ossoniens de l’événement, et leur représenter ce qu’ils devaient attendre du général ennemi, dont les soldats égorgeaient leurs hôtes, et dont les garnisons commettaient mille délits dans les villes où on les avait reçues. Ces députés étant arrivés à Ossone, les nôtres, qui étaient tous chevaliers romains ou sénateurs, n’osèrent y entrer : il n’y eut que ceux de la ville qui le firent. Après plusieurs conférences de part et d’autre, les personnes introduites dans les murs se retiraient pour aller joindre les nôtres qui les attendaient dehors, lorsqu’elles furent suivies par la garnison, qui de dépit les égorgea toutes, excepté deux, lesquelles s’enfuirent, et rapportèrent le fait à César. Ensuite les Ossoniens envoyèrent Tébala-Véja deux espions qui leur confirmèrent le récit des députés ; alors tous les habitans se rassemblèrent, et voulurent lapider L’auteur du massacre, disant qu’il causait leur perte. Ils étaient près de le faire périr, lorsqu’il leur demanda la permission de venir trouver César, leur promettant de lui rendre bon compte de ce qui s’était passé. Ayant obtenu cette demande, il part, réunit des troupes ; et lorsqu’il se croit assez fort, il entre secrètement de nuit dans la ville, égorge ceux des principaux et du peuple qui fui étaient contraires, et se rend maître de la place. Quelque temps après, des esclaves transfuges nous apprirent que Pompée faisait vendre les biens des habitans, et qu’il n’était permis à personne de sortir de son camp avec une ceinture, parce que, depuis la prise de Tébala-Véja, plusieurs effrayés du mauvais état des affaires, et ne, voyant aucune apparence d’un heureux retour de fortune, s’enfuyaient dans l’Estramadure. Si quelque déserteur des nôtres venait se rendre à eux, on le plaçait aussitôt dans l’in-