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hirtius.


teurs. Ainsi, malgré leur sortie, et quoique nos troupes eussent désavantage de combattre d’en bas, ceux de Pompée rentrèrent dans la place, après avoir éprouvé une perte considérable.

13. Le lendemain, Pompée fit tirer un retranchement depuis ses fortifications jusqu’au fleuve de Guadajos, et quelques-uns de nos cavaliers qui étaient de garde, ayant été aperçus par un parti nombreux de l’ennemi, furent débusqués de leur poste, et on leur tua trois hommes. Le même jour, A. Valgius, fils de sénateur, qui avait son frère dans le camp de Pompée, sa monte à cheval et s’enfuit sans rien emporter de ce qui lui appartenait s’en les nôtres prirent un espion de la seconde légion ennemie, et le massacrèrent. Dans le même temps, on fit partir de la ville une espèce de boulet, sur lequel on avait inscrit que l’on donnerait avec un bouclier le signal du moment où il faudrait attaquer la place. Sur cette assurance, plusieurs des nôtres flattés de l’espoir d’escalader sans péril les murs de cette ville, et de s’en rendre maîtres, commencèrent le jour suivant à les saper, et détruisirent une grande partie du premier mur ; toutefois ayant voulu monter à l’assaut, ils furent pris. Les assiégés, les conservant avec autant de soin que s’ils eussent été des leurs, offrirent de les rendre, pourvu qu’on laissât sortir la garnison de Pompée ; mais César répondit que sa coutume était de donner la loi, et non de la recevoir. Cette réponse rapportée aux habitans par ceux qu’ils avaient envoyés, ils cor poussent de grands cris, bordent leurs remparts, et lancent contre nous une grêle de traits ; ce qui nous fit généralement croire que, ce jour-là, l’ennemi un ferait une sortie vigoureuse. On donna un assaut général à la ville, et l’on se battit vivement durant quelques heures, jusqu’à ce qu’un coup parti d’une de nos balistes renversa une tour des ennemis avec cinq hommes qui s’y trouvaient, et un jeune homme que l’on y avait placé en sentinelle, pour avertir quand jouerait notre machine.

14. Peu de temps après, Pompée fit construire un fort au-delà de la rivière, sans que nous paraissions nous y opposer ; ce qui le remplit d’une folle vanité, dans la fausse opinion où il était de l’avoir bâti presque sur notre terrain. Le jour suivant, tandis que, selon sa coutume, il s’approche de notre poste de cavalerie, quelques escadrons s’en étant détachés avec de l’infanterie légère pour l’assaillir, ils furent mis en fuite, et, à cause de leur petit nombre, foulés aux pieds par l’ennemi et les troupes légères qui l’accompagnaient. Comme l’action se passait à la vue des deux camps, ceux de Pompée en étaient d’autant plus fiers, qu’ils nous avaient poussés assez loin. Cependant les nôtres se ralliant à la faveur de leurs compagnons qui les soutiennent, suivant leur tactique, reviennent à la charge avec de grands cris ; mais l’ennemi refuse d’en venir aux mains.

15. Il arrive presque toujours dans les combats, lorsque la cavalerie met pied à terre pour se battre contre les fantassins, qu’elle ait le désavantage ; le contraire eut lieu dans cette rencontre car quelques troupes d’élite de l’infanterie légère ennemie étant venues attaquer nos cavaliers qui ne s’y attendaient pas, plusieurs d’entre eux en combattant s’aperçurent qu’ils n’avaient affaire qu’à de l’infanterie, et descendirent de cheval. Ainsi en peu de temps, le cavalier combattit comme un piéton, et le piéton comme un cavalier ; la mêlée fut même si sanglante que l’on s’égorgea jusque sous