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guerre d’espagne


bâties sur des éminences et dans des terrains excellens ; de sorte qu’il n’est pas aisé d’y gravir et d’y atteindre. Ainsi la situation seule de ces places de l’Espagne en rend l’attaque presque impossible, et l’on ne peut les emporter qu’avec la plus grande peine ; c’est ce qui parut dans cette guerre car Pompée ayant pris ses positions (nous l’avons rapporté plus haut) entre Tébala-Véja et Lucubi, et en face de ces deux postes, à quatre milles environ de son camp était une élévation très-avantageusement située, nommée le camp de Postumius, où César avait construit un fort et placé garnison.

9. Se trouvant couvert par cette même hauteur à une assez grande distance du camp de son ennemi, Pompée reconnut l’avantage du poste et comme la rivière de Guadajos nous en séparait, il crut que nous renoncerions à le secourir, vu la difficulté qu’offrait le terrain. Dans cette persuasion, il part vers minuit pour venir attaquer ce fort, qui incommodait beaucoup les assiégeans. Les nôtres le voyant approcher, poussent de grands cris, lancent une grêle de traits, et lui font un grand nombre de blessés. Ainsi ceux du fort s’étant mis en défense, César qui était dans son grand camp, averti de ce qui se passait, y accourut aussitôt avec trois légions. À son arrivée, les ennemis pleins d’effroi prennent la fuite laissant plusieurs morts et plusieurs prisonniers : beaucoup abandonnèrent leurs armes pour se sauver plus promptement, et l’on rapporta quatre-vingts de leurs bouchers.

10. Le jour suivant, Arguétius arriva d’Italie avec un renfort de cavaliers, et apporta cinq enseignes prises sur les Sagontins. On ne lui fit pas grand accueil, César ayant déjà reçu d’Italie des chevaux conduits par Asprenas. Cette nuit même, Pompée mit le feu à son camp, et marcha "vers Cordoue. Un roi nommé Indo qui nous avait amené de la cavalerie et des fantassins, s’étant trop vivement engagé à la poursuite des ennemis fut pris et tué par quelques soldats des deux légions levées dans la province.

11. Le lendemain, nos cavaliers poursuivirent très-loin vers Cordoue ceux qui amenaient de cette ville des vivres au camp de Pompée ; cinquante furent pris entre autres, avec leurs chevaux, et conduits au camp. Le même jour, Quintus Marcius, qui servait sous Pompée comme tribun militaire, vint se rendre à nous. Vers minuit, les assiégés firent sur nos troupes une sortie très-vive, et nous lancèrent de la ville des feux de toute espèce. Quelque temps après, C. Fundanius, chevalier romain, passa du camp ennemi dans le nôtre.

12. Notre cavalerie, le lendemain, prit deux soldats d’une des deux légions indigènes. Ils se disaient esclaves mais comme on les amenait au camp, ils furent reconnus par ceux des nôtres qui avaient porté les armes sous Fabius et Pédius, et quitté Trébonius. Ils ne purent obtenir grâce et furent massacrés. On intercepta le même jour des courriers de Cordoue se rendant auprès de Pompée, lesquels par imprudence étaient tombés dans notre camp. On, leur coupa les mains, et on les renvoya. Suivant leur coutume, sur les neuf heures du soir, les assiégés, nous accablant d’une quantité prodigieuse de feux et de traits nous blessèrent beaucoup de monde. La nuit s’étant écoutée, ils vinrent assaillir la sixième légion alors occupée aux travaux on se battit avec acharnement mais l’ennemi fut repoussé, bien qu’il eût l’avantage de combattre des hau-