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saluent en qualité de préteur, car il n’y avait dans ces deux légions aucun homme, soit du pays, soit étranger naturalisé dans la province par un long séjour, tels que tous ceux de la seconde légion qui ne partageât la haine générale des habitans contre le gouverneur. À l’égard de la trentième et de la vingt et unième légion, après les avoir levées depuis peu de mois en Italie, César les avait données à Cassius et la cinquième venait d’être formée tout récemment dans le pays.

54. Sur ces entrefaites, on vint prévenir Latérensis que Cassius était vivant. Cette nouvelle l’affligea plus qu’elle ne le troubla ; prenant aussitôt son parti, il vient lui faire visite. Instruite de ce qui s’était passé, la trentième légion se rendit à Cordoue pour secourir son générât, et la vingt et unième suivit son exemple. Elles y furent aussitôt jointes par la cinquième. H ne restait donc-plus dans te camp que deux légions ; la seconde craignant de demeurer seule, et que par là ses sentimens ne fussent découverts, imita les trois autres. Quant à celle du pays, elle tint ferme, et rien ne put l’ébranler.

55. Cependant Cassius fait arrêter les complices du meurtre, et renvoie la cinquième légion au camp, ne retenant auprès de lui que trente cohortes. Par la déposition de Minutius, il apprend que L. Racilius, L. Latérensis et Annius Scapula personnage des plus distingués du pays, en grand crédit dans la province, et qui n’était pas moins de ses amis que Latérensis et Racilius, se trouvaient au nombre des conjurés. Sa vengeance ne fut pas différée, et il les fit de suite mourir. En même temps il livre Minutius à ses affranchis pour qu’il subisse la torture, et lui joint Calpurnius Salvianus qui par ses aveux grossit le nombre des conspirateurs quelques uns pensent que c’était avec fondement, d’autres prétendent qu’il y fut contraint. On condamna L. MergHio à la même peine. Squillus nomma plusieurs autres complices, que Cassius punit tous de mort, à la réserve de ceux qui se rachetèrent à prix d’or car il traita publiquement avec Calpurnius pour dix mille sesterces, et avec Q. Sextius pour cinquante mille. Quoique l’on ne doutât point qu’ils ne fussènt justement punis, néanmoins la mort et les supplices qu’ils s’épargnaient par leur argent prouvèrent que le gouverneur n’était pas moins jaloux d’assouvir sa cupidité que sa vengeance.

56. Quelques jours après, Cassius reçut des lettres de César, qui lui apprenaient la défaite de Pompée et sa fuite. Cette nouvelle ne lui donna qu’une joie mêlée d’affliction la victoire, il est vrai, lui faisait plaisir, mais en même temps la fin de la guerre lui ôtait le moyen et ]a licence de piller et de rançonner les peuples aussi était-il dans l’incertitude de, savoir ce qu’il devait préférer, ou de n’avoir rien à craindre, ou de pouvoir se permettre tout impunément. Dès qu’il fut guéri de ses blessures, il fit venir tous ceux qui s’étaient engagés a lui payer certaines sommes, leur signila de les acquitter, et augmenta les impositions des personnes qui lui parurent taxées trop bas en même temps dans les levées qu’il avait fait faire, soit parmi les citoyens romains, soit au centre des villes et des colonies de la province, quiconque avait de la répugnance à entreprendre une campagne au-delà de la mer, il l’en dispensait pour de l’argent. Par là il gagna-des biens immenses, mais il s’attirait encore plus de haine. Ensuite il fit la revue de toutes ses troupes, et envoya vers le détroit