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haïr, cetui au nom duquel ils se permettaient toutes ces rapines parce qu’ils ne savaient gré qu’à eux-mêmes du butin dont ils profitaient, et mettaient sur le compte de Cassius tout ce qu’ils ne pouvaient prendre. Il leva une cinquième légion ; la haine que l’on avait contre lui s’accrut de cette nouvel le levée, et de la dépense qu’elle coûta. Enfin il forma un corps de trois mille chevaux ; ce qui augmenta d’une manière exorbitante les charges de la province.

51. Sur ces entrefaites, il reçut des lettres de César, qui lui ordonnait de passer en Afrique avec ses troupes et, de traverser la Mauritanie pour se rendre dans la Numidie parce que le roi Juba avait envoyé de grands secours à Cn. Pompée, et qu’il ne doutait pas qu’il ne lui en envoyât encore de plus considérables. Ces lettres lui causèrent le plus vif plaisir, à cause du moyen qu’elles lui fournissaient d’aller piller de nouvelles provinces, et de s’enrichir des trésors d’un royaume extrêmement fertile. Il passa donc en Portugal, pour y rassembler ses légions et ses auxiliaires. Cependant il chargea des affidés de lui tenir prêts cent vaisseaux et des vivres, ainsi que de faire le budget et la levée des sommes dont il avait besoin, afin que rien ne l’arrêtât à son retour. Il fut plus prompt que l’on ne s’y attendait, en ne reculant devant ni travaux, ni peines, surtout lorsqu’il s’agissait de satisfaire ses désirs.

52. Rassemblant son armée après avoir établi son camp près de Cordoue, il fait connaître aux siens les ordres qu’il a reçus de César, leur promet à chacun cent sesterces lorsqu’il serait arrivé en Mauritanie, et ajoute que la cinquième légion doit rester en Espagne. Ensuite il entra dans Cordoue ; et le même jour vers midi, lorsqu’il se rendait au palais, un certain Minutius Silo attaché à L. Racilius lui présenta une requête, à titre de soldat qui lui demandait quelque grâce..Puis ayant passé derrière Racilius (celui-ci marchait à côté de Cassius), comme pour attendre la réponse à son placet lorsqu’il vit le moment favorable, de la main gauche il saisit te gouverneur, et de la droite il lui donna deux coups de poignard. À cette action il s’éleva un grand cri ; et tous les conjurés accoururent. Munatius FIaceus passa son épée au travers du corps d’un licteur qui était près de Longinus, et blessa le lieutenant Q. Cassius. T. Vasius et L. Mergilio viennent avec la même assurance seconder Flaccus leur compatriote car ils étaient tous d’Avila. L. Licinius Squillus se précipite également sur Longinus qu’on avait terrassé, et lui porte quelques légères blessures.

53. D’un autre côté, on accourt a la défense de Cassius ; car il avait toujours à sa suite plusieurs braves et un grand nombre de vétérans armés de dards, et qui lui servaient de garde. Ceux ci arrêtèrent le reste des conjurés qui venaient à la suite des autres pour consommer l’assassinat ; parmi eux se trouvèrent Calpurnius Salvianus et Manilius Tusculus. Minutius voulant fuir, fut accablé de coups de pierres qui volaient de toutes parts, et conduit à Cassius qu’on avait transporté chez lui. Racilius, ignorant si le gouverneur était tué, se retira chez un de ses amis qui demeurait dans le voisinage, pour attendre des nouvelles positives. L. Latérensis, persuadé de sa mort, court au camp, ivre de joie ; il félicite les soldats indigènes, et ceux de la seconde légion, auxquels il savait que Cassius était particulièrement odieux : aussitôt ils l’élèvent sur le tribunal, et le