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et il partit pour l’Illyrie. Il soumit d’abord quelques, villes maritimes, qui avaient quitté notre parti pour se donner à Octavius ; et sans s’arrêter à vouloir réduire celles qui persistèrent dans leur désobéissance, il ne pensa qu’à poursuivre Octavius avec toute la diligence possible. En arrivant, il le força de lever le siège de Raguse, où nous avions garnison et qu’il tenait bloquée par terre et par mer, et en fit passer la garnison sur ses vaisseaux.

45. Instruit que les forces navales de Vatinius n’étaient pour la plupart composées que de petits vaisseaux de charge, et comptant sur sa flotte, Octavius l’attendit à l’île de Tauris, vers laquelle son adversaire se dirigeait, en le poursuivant, non qu’il sût qu’il s’y était arrêté, mais parce qu’il avait résolu de le suivre dans le cas où il pousserait plus loin. Près de Tauris, où ses vaisseaux se trouvaient éloignés les uns des autres, parce que le temps était orageux et qu’il ne soupçonnait pas la rencontre de l’ennemi, Vatinius vit tout-à-coup venir à lui un vaisseau d’Octavius chargé de combattans et dont les vergues étaient baissées sur le milieu du mât. À cette vue, il ordonne aussitôt de carguer les voiles, de baisser les vergues et de s’armer ; et il fait arborer l’étendard pour donner le signal du combat, afin d’avertir les bâtimens qui le suivaient de faire les mêmes préparatifs. Les nôtres surpris se préparaient en diligence, tandis que l’ennemi tout prêt sortait du port. De part et d’autre, on se range en bataille ; Octavius a plus d’ordre, et Vatinius plus de résolution.

46. Ce dernier se voyant très-inférieur à son ennemi, soit par la grandeur ou le nombre des vaisseaux, résolut de tout tenter. Avec sa galère à cinq rangs, il fondit le premier sur celle d’Octavius qui était à quatre rangs ; et le choc fut si vif, les deux galères s’entre-choquèrent avec tant de violence, que celle d’Octavius y perdit son éperon. Le combat s’allume vivement sur tous les autres points, et particulièrement dans le quartier des généraux en effet, chacun courant au secours du sien, la mêlée devint très-sanglante vers cet endroit resserré. Dus les vaisseaux avaient de facilité d’en venir à l’abordage, plus aussi ceux de Vatinius l’emportaient sur leurs adversaires : car avec un courage digne d’admiration, nos soldats ne balançaient pas à s’élancer de leurs navires dans ceux des ennemis : et rendant par ce moyen les armes égaies, comme ils étalent beaucoup supérieurs en valeur. ils ne manquaient pas de réussir. La galère à quatre rangs de rames que montait Octavius fut coulée à fond, ainsi que plusieurs autres que nous perçâmes de nos éperons on en prit quelques-unes, et les soldats de l’équipage furent en partie égorgés, et en partie précipités dans la mer. Octavius se réfugia dans sa chaloupe que firent coûter à fond le grand nombre de ceux qui s’y jetèrent après lui : cependant, tout blessé qu’il était, il atteignit-encore à la nage son brigantin ; et la nuit ayant fait cesser le combat, il profita du temps orageux pour s’enfuir à force de voiles : il fut suivi par quelques-uns de ses vaisseaux, échappés heureusement au péril.

47. Après ce glorieux exploit, Vatinius donne le signal de la retraite, et entre avec sa flotte victorieuse dans le même port d’où son rival était sorti pour le surprendre. Il lui prit, dans cette action, une galère à cinq rangs, deux à trois, huit à deux, plusieurs rameurs, et resta le lendemain dans le même lieu pour y réparer ses vaisseaux et ceux des ennemis dont il s’était