mirer : ils n’en voient que la beauté et
la pureté du style ; et moi je sais encore
avec quelle facilité, quelle promptitude
il les a composés car s’il possédait
a fond le talent d’écrire et de s’exprimer
noblement, il avait aussi celui
de donner à ses pensées la plus grande
clarté. De plus j’ai eu le désavantage
de ne m’être trouvé ni à la guerre d’Alexandrie,
ni à celle d’Afrique. Il est
vrai que j’ai appris de sa propre bouche
une partie de ce qui s’y est passé ; mais
il y a bien de la différence entre connaître
ces faits, et pouvoir en parler
comme témoin oculaire, et n’en être
informé que comme curieux admirateur
de la nouveauté. Mais je finis,
de peur que, cherchant à m’excuser
d’être mis en parallèle avec César, on
ne me croie assez présomptueux pour
m’imaginer qu’il se trouvera quelqu’un
qui me juge digne d’être comparé à ce
grand modèle.
1. Après avoir soumis la Gaule, César qui, pendant toute la campagne, n’avait pas déposé les armes un seul instant, songeait à faire reposer ses troupes en des quartiers d’hiver, lorsqu’il apprit que plusieurs de ces nations méditaient une nouvelle guerre, et se liguaient ensemble à ce dessein. Elles se fondaient sur une raison assez vraisemblable car, sachant par expérience que toutes leurs forces réunies ne tiendraient jamais contre les Romains, elles espéraient qu’en se portant sur plusieurs points à la fois, nous n’aurions ni assez de temps, ni assez de secours ni assez de troupes pour faire face à tout. Sur ce plan elles décidèrent qu’aucune cité ne refuserait de supporter les plus grands sacrifices pour assurer la liberté générale.
2. Afin de ne pas les laisser se fortifier dans cette opinion, César donne la garde de ses quarsiers d’hiver au questeur M. Antoine, part d’Autun te dernier de décembre avec sa cavalerie, et va joindre la douzième légion qu’il avait établie sur les frontières du Berri, peu loin du territoire d’Autun, lui joignant la onzième qui était tout proche. Ensuite, ayant laissé deux cohortes pour garder le bagage, il fit entrer le reste de son armée sur les terres fertiles des habitans du Berri, qui, possédant un grand territoire, où il y avait plusieurs villes, et ne voyant chez eux qu’une légion, n’avaient pu s’empêcher de cabaler et de se préparer à la guerre.
3. À l’arrivée subite de César, ils éprouvèrent ce que devaient nécessairement ressentir des hommes non préparés et dispersés de côté et d’autre ; cultivant leurs terres sans aucune défiance, ils furent accablés par notre cavalerie, avant qu’ils pussent gagner les villes car César avait expressément défendu de mettre le feu nulle part, signe ordinaire de la venue des ennemis, de peur d’épouvanter les habitans, et de ne trouver ni vivres ni fourrages en cas où il voulût pousser plus loin. Il fit un grand nombre de prisonniers ; et ceux que la crainte précipita chez les voisins à notre première arrivée, ou qui se crurent en sûreté chez eux ou chez leurs alliés, s’en flattèrent en vain parce qu’il se trouvait partout, sans donner le temps à aucun de ces peuples de penser au salut des autres plutôt qu’au sien propre. Par cette extrême diligence, il conserva ces fidèles amis et, grâce à la terreur qu’il sut inspirer, il détermina ceux qui balançaient à se soumettre. Lorsque les peuples du Berri virent toutes les nations voisines donner des otages et être reçues à composition, et que la clémence de César