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travaux ; il ne comprend rien, ne travaille que quand il est conduit par la longe ou la bride ; il est, en un mot, impropre à une foule de services qui demandent une certaine attention ; ce défaut doit par conséquent déprécier l’animal qui en est affecté.

S’il est vieux, et c’est ordinairement pendant la vieillesse que naît ce vice, il n’a pas les mêmes inconvénients ; car alors son éducation est faite, il sait suppléer par l’habitude acquise à l’absence de cette faculté : le moindre signe, le moindre geste et quelquefois même le souvenir suffit pour le guider. Bien plus, sans les moyens cités plus haut, il serait difficile de connaître la surdité, car elle ne paraît pas les incommoder beaucoup après quelque temps. En résumé, ce vice n’est pas très préjudiciable quand les animaux ont une bonne vue, mais elle le serait beaucoup plus si la perte de ce sens coïncidait avec elle.

Dans les réformes qu’on faisait dans les régiments de cavalerie, on avait autrefois l’habitude de fendre l’oreille, afin d’éviter que les animaux ne fussent enrégimentés derechef. Cette mesure était-elle nécessaire avec l’exigence des commissions de remonte ? Il est permis d’en douter ; d’ailleurs, les maquignons avaient l’habitude de détruire une partie de l’oreille là où avait été faite l’incision, et ils soudaient les bords et les faisaient réunir par première intention. Cette ruse était décelée par l’absence de poils et par la résistance du tissu cicatriciel induré qui existait à l’endroit mutilé par l’instrument tranchant et par la marque qui existe à la cuisse gauche.

Il est des animaux qui sont munis d’appareils acoustiques d’une longueur démesurée : dans ce cas, il arrive souvent que les maquignons font exciser une partie de la conque pour remettre les oreilles dans la dimension normale ; il