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ceux des adversaires. La vie de Max Waller fut en vérité très courte ; comme l’a dit Albert Giraud, « il disparut en pleine jeunesse, en pleine ardeur, au milieu d’une bataille littéraire, qu’il ne savait pas être une victoire, à vingt-neuf ans. »[1]

Max Waller naquit le 24 février 1866. Nature fine et nerveuse, caractère primesautier et volontaire, il se prépara sans beaucoup de suite à la carrière des lettres. Toute contrainte lui pesait et il acheva son éducation universitaire à Louvain puis à Bruxelles. En 1876, il était allé à Bonn où il resta deux ans. Son esprit qui était au fond très tendre et d’une mélancolie rêveuse, retrouva dans la vieille cité rhénane cette douceur qui lui plaisait. Il rapporta de ce séjour en Allemagne une romanesque et caressante vision de la vie dont il devait envelopper toute son œuvre de poète, dont le ton est si triste sous l’ironie enjouée des mots. À Bruxelles, il collabore à la Jeune Revue, dirigée par Albert Bauwens, jusqu’au jour où il acquerra les titres de propriété de la revue dont il fera la Jeune Belgique. « Dès que Waller fut maître de la maison, raconte Albert Giraud, il la transforma, chassa les jeunes amateurs et les vieux professeurs qui l’encombraient, l’ouvrit toute large aux jeunes écrivains et l’arma pour la guerre. D’un chaland paisible,

  1. Le Thyrse (Brux., 1er janvier 1904). Cette belle étude d’Albert Giraud est la meilleure qui ait été écrite sur Waller. L’histoire détaillée de sa vie et de ses œuvres a été faite par Paul André : Max Waller et la Jeune Belgique (Brux. 1905). Voir aussi H. Liebrecht : Max Waller (Messager de Bruxelles, 20 déc. 1903).