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cette révolution. Le mouvement se dessina après la guerre franco-allemande, qui eut sur les aspects de notre nation une influence salutaire. En 1875, l’Artiste se fonde à Bruxelles. Déjà il y avait du côté académique, et avec une tendance d’esprit souvent politique, la Revue de Belgique et la Revue Générale. À Anvers parait la Revue Artistique (1878) puis successivement se créent les trois principales revues qui vont mener le bon combat : L’Art Moderne (1881), qui deviendra surtout un organe de critique artistique, la Société Nouvelle (1884), dont les tendances sociales s’accuseront dès le début, et enfin La Jeune Belgique (1881) qui sera la principale bannière du groupe littéraire auquel le nom de la revue finira par rester comme nom de guerre.[1]

Ces groupements d’écrivains sont symptomatiques d’un nouvel état de choses. Jadis les écrivains travaillaient isolément ; désormais ils dépenseront une partie de leurs efforts en luttes quotidiennes pour le triomphe de leurs idées esthétiques ; dans ces revues et avec la presse quotidienne s’engageront de longues et fécondes polémiques qui presque toutes seront dirigées par Max Waller. Maurice Warlomont, qui prit en littérature le nom de Max Waller, a été le véritable chef du groupe des « Jeunes Belgique », comme il a été le créateur et l’âme de la revue. C’est lui qui rassembla les énergies éparses, qui dans la bataille dirigea les coups et reçut

  1. La genèse de ce mouvement et la création de la Jeune Belgique ont été longuement racontées par F. Nautet : Histoire des Lettres Belges d’expression française, t. I, p. 59-93.